Malcolm & Marie
6.7
Malcolm & Marie

Film de Sam Levinson (2021)

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Alors c'est ça, LE film du confinement ?


Hé bien là, je dois bien vous avouer que les bras m'en tombent.


Parce que Sam Levinson ne fait finalement que nous refiler un remake de ce que nous avons vécu pendant plus de deux mois, quand Macron et sa clique nous ont maintenus en résidence surveillée.


Sauf que dans notre version à nous, on était claquemurés dans un quarante mètres carré bruyant. A se gueuler dessus parce que le télétravail devenait envahissant, parce que c'était son tour de faire l'école aux gosses ou à cause de ce survêt' affreux que l'on avait pas quitté depuis quinze jours.


La version de Malcolm et Marie, elle, se déroule dans un cent vingt mètres carré d'une beauté clinique. Et ils s'engueulent en parlant de cinéma, dans un noir et blanc qui a tout de l'affèterie.


Rien à voir donc. C'est qu'on se jette des reproches à la tête avec style en temps de confinement, chez Sam Levinson.


Dans un film de l'égo gonflé à l'hélium. Celui d'un réalisateur qui ne touche plus terre avec sa démarche pseudo arty. Celle d'une actrice aigrie, sortie du caniveau et qui a lâché ses rêves... Et le même réal' lui sort, sans rire, de mettre son égo de côté.


Fais ce que je dis mais pas ce que je fais, quoi.


La rancoeur et la dispute rebondiront mollement pendant une heure quarante six de film. Où l'on se reproche la nature de la relation, vampirique, de dépendance étroite, entre une muse spoliée de son histoire et son metteur en scène de compagnon, qui déraille sur la base d'une critique.


Tout cela ne sera que prétexte à citer à tour de bras à l'image, et à se lancer, pour se rêver comme un réalisateur concerné et à message, dans l'étreinte de tous les pseudos débats qui agitent le média, de l'influence des critiques et d'internet à la représentation noire ou de la place de la femme dans l'industrie après #MeToo.


Soit un pot pourri des poses hypocrites que l'on adopte actuellement, qui se mue, sous l'oeil de la caméra, en une douloureuse psychanalyse de "l'auteur", théorisante, contradictoire et débitée à la mitraillette. Devant lesquelles on ne peut que se reconnaître dans l'attitude de Marie, qui, dans un sourire de dépit, soupire à la tirade de son compagnon qui n'en finit pas de ne pas finir. Des aspirations qui parasitent littéralement la situation de départ et qui laisseront parfois interdit, tant certaines envolées lyriques peuvent sembler à côté de la plaque de la dispute du couple.


Il y avait pourtant de quoi faire, en questionnant l'emprise démiurgique, la dépossession de son histoire intime et de son incarnation. Mais de telles thématiques articulent le règlement de comptes de manière téléphonée. Et n'infusent jamais réellement de manière sensible les deux personnages du huis-clos, que Sam Levinson ne dépeint, dès les premières minutes de son exploit, comme assez profondément antipathiques et dérisoires.


Il n'y aura à ce sujet que cette déclaration d'amour des plus touchantes de Malcolm envers Marie qui sortira le film du marasme, très temporairement malheureusement. Avant que Levinson ne remette dix sous dans le nourrain pour s'écouter parler, dans un acte final qui semble prendre un malin plaisir à détruire le peu de sympathie que l'on pouvait nourrir à l'égard de Marie.


La fin de l'aventure fera douloureusement réfléchir sur ce que l'on vient de voir. Et l'on se souviendra tout d'abord de Marie qui, pour ouvrir les hostilités, dit à son compagnon que rien de productif ne ressortira de tout cela. Une observation en guise d'aveu assez problématique sans doute. Tandis que Malcolm lui répond, un peu plus tard, que "rien n'est nécessaire, Marie", affirmation que l'on a envie de compléter par un "pas même la vision de ce film".


Une oeuvre qui transmet un impression étrange de vide, la faute sans doute à des personnages dérisoires et nombrilistes que l'on a pas envie d'aimer.


Correction : que je n'ai pas envie d'aimer. Et quitte à réfléchir quant à la conception du cinéma aujourd'hui, je dirai, en guise de conclusion, qu'il n'a pas toujours besoin d'un message, mais bel et bien d'une émotion.


Soit ce dont Malcolm et Marie semble cruellement dépourvu.


Behind_the_Mask, qui pense qu'en amour on ne devrait jamais dire merci.

Behind_the_Mask
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le 10 févr. 2021

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