Je ne vois pas trop l'intérêt de ce film. J'ai beau ne pas être un grand fan de James Wan ni un grand fan du cinéma d'horreur, je lui reconnaissais un certain talent pour le genre jusque-là (du moins si je m'en tiens aux quatre films que j'ai vu Conjuring 1 et 2, Insidious, Saw). Ici, c'est mort niveau cinéma d'horreur, le film n'essayant même pas d'effrayer le spectateur un minimum. En fait, Wan se contente surtout de nous faire quelques renvois pas très pertinents à Hitchcock, au Giallo ou au cinéma d'horreur des '80, qui ne se prêtent pas trop avec le sujet du film.
Pire, s'il y a bien un point sur lequel le film se foire lamentablement, c'est au niveau de l'écriture. C'est vraiment mal écrit, que ce soit au niveau des dialogues, qui sonnent tous faux, ou au niveau de son twist, qui arrive à la fois à être prévisible tout en n'ayant aucun sens (ça m'a un peu fait penser à Haute Tension niveau débilité). Le coup de la reprise de Where Is My Mind?, c'est non ! Toujours au niveau du scénario, le coup de tout nous expliquer à la fin donne surtout l'impression que James Wan prend son public pour des idiots finis. Et puis bordel ! Pourquoi nous avoir pondu cette toute dernière scène niaise sans aucune ambiguïté ? Mention spéciale au duo de flics à se taper la tête contre le mur.
Allez, histoire de finir sur une note positive. Malignant nous présente des personnages féminins forts, qui savent (doivent) se débrouiller toutes seules, ainsi qu'une critique de la masculinité (très) toxique. Pas très subtil certes, mais ça fera au moins quelque chose à se mettre sous la dent de ce côté-là.
Bon après, ça reste du James Wan, et le bonhomme sait utiliser une caméra, ne se contente pas de bêtement la poser (bon après, je dis ça, mais il fait la plupart du temps appel à un bras mécanique), mon plan préféré étant sans nul doute ce plan zénithal qui, pour le gamer que je suis, renvoi forcément à Hotline Miami, et en l'occurrence à la vulnérabilité du personnage principal… ou à une maison de poupée pour le commun des mortels. Quoique d'un autre côté, il n'y pas de tout cohérent non plus : il y a pas mal de bonnes idées certes, mais j'ai surtout eu l'impression de voir un assemblage de plans provenant de pleins de films différents qu'autre chose. Une sorte de patchwork quoi.
Au niveau des couleurs et de la gestion de la lumière, autant certains plans arrivent à ressortir, notamment lors de l'introduction avec l'arrivée de la flicaille ou, un peu plus loin, lorsqu'on se retrouve dans le Seattle Underground, mais James Wan finit très vite par reprendre ses couleurs ternes moches dignes d'une caméra numérique bas budget des années 2000.
Pas trop fan non plus des meurtres, du moins des meurtres du premier et troisième docteur, très « plats » et accompagnés d'une transition en images de synthèse plutôt moche. C'est con, parce qu'à côté de ça, le film a fait appel à des contorsionnistes pour certaines scènes et arrive à s'économiser l'usage de la synthèse lors de certains passages.
Le « monstre » du film ne semble pas avoir beaucoup marqué et à raison. Autant j'apprécie beaucoup sa manière de se mouvoir, sa gestuelle (d'où les contorsionnistes), autant on ne sait pas vraiment comme il fonctionne au niveau des pouvoirs (le film en justifie certains mais pas d'autres). Niveau apparence, pas trop fan de ça non plus, mais je lui reconnais un certain style.
Sans grand intérêt tout du long, Malignant prend néanmoins une toute autre direction une fois arrivée à la fin, avec cette scène dans le commissariat, remarquablement bien chorégraphiée et mise en scène, qui n'est pas sans rappeler une scène d'un certain Kingsman… reste que finalement, on retiendra surtout Malignant pour sa partie action et non horreur, somme tout très classique.
Peut-être que ce n'est pas pour rien si James Wan s'est tourné vers des films plus grand public ces dernières années (Aquaman 1 et 2 et Fast & Furious), laissant son univers cinématographique à d'autres bonhommes sensés « faire comme lui », peut-être qu'il n'a plus d'inspiration, plus l'envie… en tous cas, Malignant va dans ce sens.