Deux êtres perdus qui se rencontrent. Deux oiseaux dans leur cage, légèrement entrouverte. Un chemin à choisir, une route, mais laquelle ? Car un des oiseaux à la patte cassée : peut-il seulement être libre ?
Le film évoque la précarité de l’être humain, dans sa diversité. On peut être libre, en apparence, et ne savoir où aller. On peut se déplacer, au forceps, mais ne pas être accepté. Comment ne pas sombrer ? Faut-il rêver d’un ailleurs illusoire, ou chercher son bonheur sur place, et en soi ? Il faut de toute façon trouver quelque chose pour s’accrocher.
Il est ici question de solitude, de la nécessité d’ouvrir des fenêtres, plutôt que s’enfermer, mais rien ne change. Il est surtout question du sort des sans-papiers, de leurs galères pour se loger ou trouver de l’argent, de la peur du flic, de la nécessité de se battre en permanence. Les sans papiers ne sont nulle part chez eux, ils n’ont plus de pays, ils sont toujours ailleurs. D’où l’importance du regard, de l’altérité emplie d’humanité qui vous fait exister.
Ici la précarité a deux visages, opposant deux personnalités régies pas deux dynamiques différentes : le poids de la passivité et la nécessité du combat. Laurent Lacotte incarne admirablement cet aboulique qui cherche à apprivoiser une écorchée perdue dont la violence n’est que l’expression de la détresse et de la peur. Il faut dire que le film date de 2008, on est pleine France sarkozyste, et le film fait d’ailleurs référence au triste discours du président à Dakar en 2007…
Bref, un court-métrage sympathique et bien foutu, qui dénonce, parmi d’autres, une situation moralement inacceptable. Et rien n’a changé depuis : il y a toujours ceux qui peuvent partir, et ceux qui n’ont pas le droit de venir…