C'est en effet la question que l'on peut légitimement se poser devant cette suite pour le moins tardive d'un spectacle qui aura divisé public (conquis vu qu'on lui servait une des icônes de sa jeunesse révolue) et critique (attérrée devant tant d'inanité).
Alors Behind, qu'en as-tu pensé, toi, surtout que l'on ne t'attendait pas devant ce genre de film ?
Ne faisons pas durer le suspense : Here We Go Again, s'il bénéficie de l'aura du succès de son aîné, n'arrive cependant jamais à le faire oublier. Damned, encore raté...
Alors même que le premier quart d'heure entretient l'illusion, à l'aide de numéros musicaux dont la chorégraphie à tout de l'anodin, mais dont une certaine énergie se dégage et qui, au premier coup d'oeil, tient la comparaison avec ce qu'avait offert Phyllida Lloyd en 2008, même si certains esprits chagrins s'exclameront sans doute "rien !" dans leur plus belle moue de dégoût.
On se dit même qu'une ou deux bonnes idées de mise en scène ont été convoquées, le temps d'une chanson entre deux tourtereaux séparés, entre jeux de miroirs et de cloisons communes... Tiendrons-nous ce qu'il manquait à Mamma Mia ! Le Film ?
Sauf que non, car l'énergie et le semblant de mise en scène s'étiolent très rapidement, au profit d'une caméra anonyme et de chorégraphies des plus quelconques. Mamma Mia ! Quel dommage ! Car le film s'enfonce dans un routinier de tous les instants, sans surprise, sans facéties, sans grande énergie, animé par un trio masculin rajeuni en forme de triplette d'endives braisées au jambon dont on aurait oublié la crème. D'un fadasse à pleurer, ces trois-là ont beaucoup de mal à rivaliser avec le charisme de leurs aînés, au contraire du casting féminin très bien choisi et ressemblant.
Mais la plus grande tare de ce Here We Go Again réside sans doute dans l'absence de cette énergie positive des plus réjouissantes qui irriguait littéralement le premier film et filait un large sourire à la sortie de la salle. Or, ici, on semble évoluer en mode machinal et automatique, parfois de manière assez paresseuse.
Sauf que le charme continue d'agir. Un peu. Par à-coups, le temps de quelques tableaux bigarrés, de quelques apparitions sympathiques ou anachroniques. Grâce à ce soleil grec éclatant. Et des décors familiers aussi, encore une fois arpentés entre deux époques.
Mais aussi grâce à l'aura d'ABBA, à leurs notes immortelles et leurs refrains entraînants, même si leur répertoire avait déjà été bien éclusé dans le premier opus. Here We Go Again est le plus parfait témoignage du fait que presque toues leurs chansons ont la capacité de transcender les années qui sont passées, de ne jamais éprouver, à leur écoute un sentiment de gêne ou de ringardise. Beaucoup de tubes des années disco ne peuvent pas en dire autant...
Et il y a aussi la ravissante Lily James, véritable rayon de soleil du film. Toujours aussi belle et charmante, peut être même plus que dans Baby Driver. Son sourire, sa beauté, son air malicieux, tout cela tire le film vers le haut et le rend, malgré toutes ses tares, attachant. Tout comme ce final en forme de chant du cygne, étrange, comme une déclaration d'amour à une liberté et une insouciance à jamais disparues d'années 70 hors-normes, même si l'apparition d'une Cher en plein processus de rajeunissement made in Marvel apparaîtra anachronique. Tout en soutenant une certaine tristesse de voir une génération manquer le classique cycle de la vie dans un instant assez émouvant.
Here We Go Again souffle donc le chaud et le froid, s'inscrivant dans la catégorie des films sympa sans plus auxquels il manque cependant un supplément d'âme ou, au moins, un réalisateur un tant soit peu compétent derrière le combo.
Behind_the_Mask, That 70's Show