Une scène de mariage dans une grange. Mamma Roma assiste au mariage de son ancien mac', qui la libère. Elle fait encore quelques passes, puis plaque tout pour aller s'installer à Rome avec son fils Ettore. Elle devient marchande de 4 saisons, avec un emplacement sur le marché. Elle veut que son fils ait une bonne éducation, mais elle-même, malgré son bon sens, n'a pas d'instruction. Son fils commence à traîner avec une bande de ragazzi qui ont l'air de bonnes familles, mais volent des trucs aux malades de l'hopital. Mamma Roma décide de faire chanter, avec l'aide d'une amie prostituée, le patron d'un restaurant afin qu'il prenne son fils comme serveur. Mais l'ancien mac' se repointe, comme un fantôme du passé. Et ce passé honteux, les gens commencent à en parler. Ettore le vit mal, plaque son emploi et finit par se faire piquer à l'hôpital. Il fait de la prison, où il meurt de maladie. Sa mère a le coeur brisé.

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Ce qui frappe de prime abord, c'est un certain nombre de points communs avec le grand frère "Accatone". Même usage du travelling arrière pendant que des personnages marchent vers la caméra. Mêmes paysages de faubourgs. Même milieu populaire, avec les mêmes préoccupations. Même troupe d'acteurs. Au lieu de Bach, du Vivaldi. Toujours ces plans de terrains vagues avec des ruines romaines, ici plus présentes.

Cela dit, certains points ont gagné en ampleur et font moins "diamant brut" : le travelling arrière a lieu de nuit. Le propos social a un spectre plus large. On s'ancre un peu plus dans les sixties "dans le vent". Il y a un plan de dialogue alors que Ettore conduit sa moto. De manière générale, le découpage est plus léché, les cadres trs soignés.

Mais surtout il y a la truculence, le dynamisme d'Anna Magnani, qui insuffle au film le ton d'une chronique teintée d'humour. Du moins dans la première partie... J'avoue avoir trouvé que les dix dernières minutes faisaient un peu acharnement. Je ne suis pas un fan de happy ending, mais là on dirait que Pasolini a pris un malin plaisir à filmer la fin d'Ettore comme une nouvelle Passion du Christ (symbolisme évident de son corps ligoté sur un cadre en bois), avec Magnani en Vierge éplorée. De même, Vivaldi fait moins funèbre que Bach, mais ne colle peut-être pas parfaitement à ce que nous montre l'écran.

Mais ce n'est pas central. Ce que j'ai préféré, c'est comme Pasolini arrive à saisir ce paysage de banlieue romaine, peut-être encore mieux que dans "Accatone". Ces terrains vagues parcourus de hautes herbes, ces jeunes qui jouent au foot.

+ La scène où la mère apprend à son fils le tango, où l'on comprend en creux la solitude de cette femme.

+ Le ravin avec au fond le bâtiment qui, dans la pespective, dessine un triangle noir, figuration de la sexualité que découvre Ettore avec la sauvageonne Bruna.

+ Le champ-contre-champ entre Bruna assise sur une rembarde en ciment et Ettore sur la chaussée offre un vrai effet de réel, à cause de la différence de composition des deux images.

Encore un beau film sur la banlieue romaine, plus léché et plus maîtrisé qu'"Accatone", un peu moins fulgurant peut-être aussi, mais poignant malgré tout.
zardoz6704
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le 16 févr. 2015

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