Serge Pilardosse aka Mammuth vient d'avoir 60 balais, il est au turbin depuis ses 16 ans...Faites le compte : 44 piges à trimer comme un sourd. Et ses collègues d'abattoir de lui offrir un pot de départ et en cadeau d'au revoir...un puzzle (voilà l'image...encore un truc sur lequel il va falloir galérer !).
C'est une des premières scènes, terrifiante et hilarante, d'un film qui va en enchaîner une belle palanquée, parsemant l'itinéraire à priori désuet et finalement libérateur d'un néo-retraité en quête de ces trimestres manquants...Ses papelards !!
Versant hippie et onirique du précédent méfait du duo grolandais Kervern/Delépine, Louise-Michel, Mammuth a ses bons moments et quelques lourdeurs aussi, qu'on lui pardonnera sans sourciller.
Parce qu'il nous laisse le droit à l'optimisme concernant le cas trop souvent désastreux de Depardieu qui ici explose tout de sa puissance physique et de son jeu sommaire mais redoutable d'efficacité. Je le trouve réellement excellent dans ce registre du bourru vaincu d'avance mais têtu comme un âne.
Parce qu'aussi il nous a fait découvrir le personnage haut en couleur - un film a elle toute seule - de Miss Ming, épatante jeune artiste , qui à l'instar de Gégé joue comme elle vit, donnant sans compter tout ce que la caméra voudra bien attraper de folie douce, de beauté lunaire, de joie ou de peine.
Parce qu' avec leur parti pris politico-esthétique, Kervern et Delépine nous rappellent à quelle point il est important de garder le lien avec la marginalité, soit disant territoire des sans-uns et des laisser pour compte, qui s'avère être en fin de compte ce lieu où, qu'on y soit trempé jusqu'au cou, volontairement ou par accident, le contact de l'autre n'est rien moins qu'une bouée et un révélateur de soi, salvateur comme la vérité.
Parce qu'enfin de compte Mammuth, ce sacré Dudule, fort à l'extérieur, tout doux à l'intérieur, ce Don Quichotte charentais, tout con qu'il est, comme le lui expliquera un de ses cyniques anciens employeurs, connaitra lui ce que beaucoup ne goûteront même jamais...l'amour et le goût de la liberté !
Banzaïiiiiiii