Nolan / Snyder, l'alliance parfaite ?
Ah... Le nouveau Snyder est arrivé ! Et c'est extrêmement bon ! Mais comme d'habitude avec Zack Snyder, on accroche à sa marque de fabrique ou pas. Car en plus d'avoir un style visuel très personnel, il ne confond JAMAIS film d'action et film fantastique.
A tout ceux qui, croyant voir un ennième Marvel déguisé en en film US de base, je dirais encore une fois : renseignez vous sur le réalisateur ! Car oui, Zack Snyder donne de la PROFONDEUR à ses films, avec des personnages complexes, une vraie histoire, et surtout un style de narration posé sur une vraie maîtrise du rythme et de l'image. Et non, on n'aura pas une bouse dans le style de Green Lantern ou une comédie gentillette comme Iron man.
Il y a bien quelques passages clins d'oeils à l'industrie du cinéma US : le sourire Colgate de la fin, impossible de ne pas voir non plus la référence à Morpheus dans le rôle calme et posé de Laurence Fishburne, la mise en place de l'armure dans un style très Starkien, ou encore certaines similitudes dans les armures des troupes de Zod avec les combinaisons des ingénieurs de Prometheus.
Mais je refuse de voir celà autrement que comme une référence aux classiques du genre. d'ailleurs où est le problème ? On est quand même pas au niveau d'Oblivion, où tout était prétexte à récupération...
C'est que le bonhomme a du style. Et je comprend que l'on n'aime pas. Mais je ne comprend pas que l'on juge ce film (et ses autres oeuvres d'ailleurs) comme de vulgaires films d'actions.
Tout d'abord, j'ai retrouvé cette maîtrise absolue du rythme et de l'image, avec une photographie peaufinée à l'extrême, des cadrages et des mises en scènes souvent ambitieuses et innovantes, sur le ton un peu indépendant - que LUI - peut se permettre sans que ce soit une faute de goût : les scènes de vol spectaculaires, les poursuites et combats survoltés et intelligemment filmés sont vraiment jouissifs à regarder.
Le rythme est également très structuré, alliant séquences narratives pointues et précises avec des scènes d'actions soutenues. Le calme impressionnant de certains personnages comme Jor-El, Jonathan Kent ou Clark donne également une sorte de sérénité au scénario.
Ensuite l'ambiance visuelle si particulière de Snyder, avec ce style roman graphique présent dans 300 ou watchmen, même si c'est beaucoup, beaucoup moins marqué. Quelques filtres de couleurs, une mini dose de retouche de l'image en 3D et c'est le bout du monde. Pas de travail intense sur la pellicule, ni de refonte de l'arrière plan massif comme dans 300 ou Sucker Punch.
Enfin, le film se veut après tout plus grand public. Mais il n'en perd pas pour autant son intérêt. Loin de là. Comme d'habitude, les plans, les séquences sont choisies et réalisées avec un soin extrême.
Le soucis du détail apporté par Snyder donne aussi au spectateur de s'interroger sur certains thèmes chers à la science-fiction, comme l'eugénisme, la prédétermination et l'application du libre-arbitre ou la condition humaine en général, en faisant encore une fois référence à l'ultra classique "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley.
Cette volonté manifeste d'élargir le débat sans non plus tomber dans les bons vieux poncifs et la psychologie de comptoir est déjà une réussite en soi.
La musique est également très bien utilisée, pour donner un relief spécifique, jamais comme instrument dissonant.
L'ambiance est excellente, et j'ai découvert pour la première fois le fameux monde de Kripton, parfaitement dépeint pour l'occasion avec un visuel et surtout pour une partie essentielle de l'histoire.
Le budget colossal de 225 millions de dollars a sans doute permis a de nombreux fans de découvrir ce monde vivant, au travers de passages très dynamiques, spectaculaires, mais surtout coordonnés à l'histoire. L'imaginaire de Snyder a fait des merveilles, autant les effets spéciaux sont somptueux, autant cette partie de l'histoire a un réél intérêt narratif.
On voit par ailleurs souvent des "tronches", des personnages hauts en couleurs, comme Zod, Jor-El, Faora, le colonel Hardy ou Sawnwick... Et clark bien sur.
Des personnages forts, brutaux et dominants, mais toujours décrits avec justesse, et surtout jamais cantonnés dans un personnage immuable. Même Faora, qui est montrée dans un moment de faiblesse, se voit donné une dimension plus "humaine" et plus subtile qu'un simple faire-valoir.
Hardy et Zod on leurs raisons d'agir, mais ont aussi étés montrés en position de choix et leurs personnages ne sont pas à proprement parlé tout blanc ou tout noir. Ils ont leurs motivations propres, leur profondeur. Et ils évoluent surtout pendant le film.
Cette masse brutale contraste avec des personnages comme Lara Lor-Van, Martha et Jonathan Kent, qui bien que plus faibles physiquement, bénéficient d'une volonté de fer et d'une force morale "inoxydable". (Fallait que je la sorte celle-là)
L'idylle entre Lois et Clark est montrée en coup de vent, car elle n'apporte pas grand chose à l'histoire, mais attend... C'est bien l'esprit de Marvell qu'on respecte, non ?
Donc même si le personnage de loïs est clairement un faire-valoir, au moins on respecte l'esprit du comic book et surtout Snyder ne tombe pas dans la facilité pour délaisser complètement le personnage. Lois est impliquée dans la trame centrale de l'histoire et dans son dénouement, non pas uniquement comme potiche.
On retrouve aussi Laurence Fishburne dans un rôle calme et posé, aux antipodes des classiques personnages de White dans les Superman. Et... Tant mieux. Ce genre de persos est pour moi carrément insupportable.
Ce que j'ai aussi particulièrement apprécié, c'est le personnage torturé de Clark / Kal-El. Grâce à la finesse enfin retrouvée de Kevin Costner, on peut donner une profondeur intellectuelle à Clark au fil de ses discussions avec son paternel terrestre, et surtout on peut lui trouver une capacité introspective très intéressante, car peu mise en avant auparavant.
Cette caractéristique va souvent de paire avec des scènes plus fortes en tension émotionnelle, mais toujours avec parcimonie.
Cette profondeur du personnage permet justement de se démarquer du simple block buster pour donner un background nécessaire à tout excellent film qui se respecte.
Et même si beaucoup détestent les moments plus portés sur l'émotionnel, j'ai trouvé qu'on est quand même extrêmement loin du mélo. Tous les plans sont montrés avec finesse et les acteurs jouent bien. Donc où est le problème ???
Je terminerai avec le rythme. Il est excellent. Le film passe comme on savoure un bon vin... Trop vite. 2h23'' et c'est passé comme papa dans maman.
On sent que le réalisateur se bonifie avec le temps et même si Sucker Punch était franchement passable, j'ai retrouvé le M. Snyder que j'affectionne, avec un film posé sur un plateau pour tous les exigeants amateurs de SF, excellent du début à la fin.
Chapeau bas Monsieur.
