Voilà la claque attendue à Fantastic'arts 2014 !
Franchement je n'y croyais plus. Après deux jours passés à tomber de carybde sur scylla, avec une ou deux surprises agréables, mais pas inoubliables non plus, il me manquait LE film du festival de Gérardmer, LA claque qui fait lâcher sans regrets les 80€ du pass festival. Quelque chose de comparable à l'onirisme et à l'envoûtement qu'avait suscité la séance de Mama l'année dernière. Et voilà que je m'assois dans la salle pour "The Babadook".
Premier constat, derrière ce titre improbable se cache une trame de très bonne qualité. Les personnages sont plus que crédibles, et évoluent même progressivement pendant toute la durée du film, allant de paire avec une interprétation de TRÈS HAUTE QUALITÉ des deux acteurs principaux. Oui, même l'enfant. Essie Davis est bluffante en mère de famille courageuse et désemparée par la disparition tragique de son époux, mais surtout criante de vérité en mère soucieuse par le comportement inquiétant de son fils. Et que dire, justement, de l'interprétation incroyable du jeune Noah Wiseman ? Sinon que son rôle d'enfant bizarre et inquiétant se révèle d'une justesse sidérante ?
S'il est vrai que ces deux immenses acteurs écrasent tout sur leur passage, les rôles secondaires restent toutefois dignes d'intérêt, en renforçant l'ambiance subtile et angoissante de ce très bon film de genre.
Concernant cette ambiance, puisque j'en parle, j'ai été SUBJUGUÉ par l'audace de sa scénariste, Jennifer Kent. Elle réussit à placer de l'humour noir ou extrêmement touchant dans des phases de tension extrêmes, donnant ainsi une touche très fraîche à sa mise en scène. Une mise en scène impeccable au demeurant. Le résultat est donc BRILLANT, d'un bout à l'autre du film.
Sans spoiler l'histoire, je dirais que le film place une vision intéressante sur la métaphore du croque mitaine, tout en faisant un parallèle de très bonne qualité avec la disparition de l'époux et ses conséquences sur la vie d'une famille lambda. Le génie vient des clins d'oeils, toujours dans le ton et jamais redondants ou encore de cette écriture si particulière.
Car il ne faut surtout pas s'y tromper: "The Babadook" est un EXCELLENT film de genre, avec des phases anxiogènes menées de main de maître par sa scénariste et réalisatrice, Jennifer Kent. Je n'avait pas frissonné autant depuis longtemps et j'ai été impressionné par la tension présente dans la salle ce jour-là; s'abattant comme une chape de plomb sur les spectateurs.
Mais le plus impressionnant aura sans doute été de voir avec quelle subtilité l'humour est dilué dans les différentes scènes. Et si j'ai rigolé avec une partie de la salle, force est en tout cas de constater que ce ne fut pas le cas pour tout le monde, avec les rires décalés d'une partie du public.
Cette finesse à clairement mis une partie des spectateurs de côté, incapables sans doute d'apprécier la richesse de cet humour, ou tout du moins l'incongruité de ses apparition, et donc incapables in extenso d'apprécier le film à sa juste valeur.
Mais hormis les quelques bourrins et les benêts présents dans la salle, le film a été salué (heureusement) par la critique et a très justement récolté une grosse moisson de prix lors de ce Fantastic'arts 2014: Prix du public, de la critique, des jeunes du conseil Régional de Lorraine, et prix du Jury... Seul le honteux grand prix, attribué pour cette immonde purge de "Miss Zombie", lui aura échappé. Je pense donc que tout ça parle avec éloquence.
Au final, je vous conseille ce film autant pour son côté extrêmement envoûtant et immersif que pour l'excellence de sa trame, avec cette touche d'humour vraiment unique en son genre. Vous oscillerez donc toujours entre angoisse et rire. Mais toujours à bon escient. ALLEZ LE VOIR !