Apparemment, tout le monde peut sortir des banalités sans nom sur l'autel de la critique bête et méchante, alors pourquoi pas moi ?
Pour commencer, pas grand monde n'a compris les bandes annonces pourtant matraquées sur les chaines TV et internet. Man of Steel est un space opéra, diantre ! Action, espace, extraterrestre, drame à gogo, situations rocambolesques, etc. Ceux qui pensaient voir un film de Terrence Mallick et la réflexion nécessaire associée parce que Nolan produisait ce film sont des nigauds.
C'est un film d'action, certes réaliste, mais d'action avant tout. Alors pourquoi s'étonner et se plandre de voir des immeubles voler en éclats dans le film sachant qu'on les a déjà vu voler en éclats dans les bandes annonces ?
Je ne parlerai pas dans cette critique d'analyse plus poussée du film du type : allégorie du messie, ressemblance à Jésus, trauma post 9/11, rêve d'intégration à l'américaine, etc. Je laisse ça à meilleur que moi et surtout aux gens qui n'ont pas apprécié qui pointent ces allusions comme évidences pour montrer la faiblesse du scénario.
Pour en revenir à la structure générale du film, les dix premières minutes se déroulent sur Krypton et permettent de situer le cadre narratif. Le caractère déterministe et codifiée de la société y est bien expliqué, et on sent bien la psychologie des personnages s'installer. Cela fait penser d'une certaine manière au Meilleur des mondes d'Aldous Huxley sur le principe.
Après le départ de Kal-El de Krypton, on bascule brusquement sur notre monde avec un Clark Kent adulte, furtif, à la recherche des traces d'humanité en lui. Il essaye de comprendre le monde en ayant vécu toutes les situations possibles.
La réalisation de Zach Snyder y est intéressante à ce moment puisqu'on enchaine épisodes de flash-back et période contemporaine. Les flash-backs sont très instructifs, ils ne nous apprennent que le nécessaire pour comprendre la psyché de l'homme de fer en devenir, sans nous abreuver de détails inutiles, tout en se focalisant sur les moments clés de son enfance, c'est à dire la découverte de ses pouvoirs ou les moments traumatisants. Le seul flash-back dissonant reste celui où Jonathan Kent décède dans des circonstances plus qu'évitables et en plein conflit de la reconnaissance de paternité, c'est un peu kitch sur le coup.
Le moment de la rencontre entre Lois et Clark est plutôt intéressant mais manque un peu de magie par rapport aux comics où Lois cherche Superman des années durant en le côtoyant en permanence. Là elle tombe dessus presque par hasard et se montre assez passive vis à vis de ce qui lui arrive. Par contre l'enquête journalistique est bien là, on retrouve la Lois Lane de l'univers des comics, effrontée et acharnée, arrivant au final à la découverte de l'identité de Clark. On a l'impression que c'est rapide et facile, mais la durée de l'ellipse n'est pas précisée.
La romance qui va naitre entre les deux protagonistes est belle, adaptée et tout en retenue, dans un monde où les roulages de pelles et les romances à l'eau de rose sont monnaie courante (qui à parlé d'univers Marvel?!), c'est assez rafraichissant.
La fin avec le combat final est impressionnante, on mesure le caractère sur-humain de la bagarre avec une caméra qui suit l'action au plus proche comme jamais cela n'avait été filmé, c'est tout bonnement impressionnant. Il reste néanmoins beaucoup de symbolique avec l'Homme à terre témoins d'un combat de dieux dans les airs. Certains s'en plaignent, mais c'est Superman après tout. Le dénouement de cette baston est l'occasion d'une scène très émouvante, montrant l'attachement de Superman à la race humaine.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler l'histoire, mais le reste du film se déroule tambours battants.
Sur le plan du scénario, l'histoire est bien ancrée dans la mythologie des comics, quelques libertés ont été prises avec les origines du héros, sans dénaturer la cohérence générale du récit. En regardant le film, on peut croire à certaines incohérences qui n'en sont pas quand on nous donne la solution 5 minutes après, l'histoire se tient de bouts en bouts.
La photographie est très léchée, sans fausses notes, avec des plans superbes sur la terre ou sur Krypton.
Sur le plan des acteurs, aucune grosse fausse note, chaque personnage est plutôt bien joué, la psychologie de chaque est assez étudiée et compréhensible à la première lecture. Cavill est parfait en Superman, Adams est crédible en Lois Lane en femme épanouie et fouineuse, et Shannon est excellent en méchant-jusqu'au-boutiste-pas-trop-méchant-si-on-comprend-le-film. Les autres personnages ne sont là que pour instaurer un background qui sera mieux exploité lors de la suite.
Pour faire simple : un très bon divertissement, 2 crans au dessus de ce qui a deja été fait dans la catégorie des films de supers-héros (à part la trilogie Batman de Nolan), qui assurera 2h20 de loisirs débridés, et qui en mettra plein les yeux aux amateurs d'action.
Sur chacun des points de critiques, ce n'est pas le meilleur film possible : ce film n'est pas parfait. Mais c'est un faisceau de points réussis qui fait de ce film une copie presque parfaite. 9/10 bien mérités !
P.S. (Novembre 2013) Avec la sortie en DVD, j'ai pu le revoir et réaliser que j'ai commis une petite erreur d'appréciation : LES ZOOMS !!!1!! C'est assez exaspérant -quelques uns d'accord, mais tout le temps : c'est chiant. Je changerai pas ma note c'est pas fair-play et c'est toujours la première impression la bonne, mais sans ces zooms permanents ce film serait un vrai plaisir à re-voir et re-re-re-re-voir.
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