L'ayant revu récemment, je l'ai nettement préféré par rapport à ma vision au cinéma. Cette critique ci-dessous représenté donc mon avis à sa sortie en juin 2013.
Il y a dans "Man of Steel", deux parties bien distinctes.
La première, où Snyder, par le biais de quelques flash backs bien placés à un rythme régulier qui s'adapte à la puissance montante du récit, réussit à rendre son personnage attachant et charismatique, dans un écrin visuel épuré du plus bel effet. C'est dans cette première partie que la mise en scène confine au sublime, capte les émotions des personnages par leurs regards et leurs conversations. Les visages de Russel Crowe et de Kevin Costner, loin de faire office de faire valoir, hantent alors le film par leur présence et leur interprétation, d'une intense justesse. C'est aussi durant cette première heure que se construit intégralement le personnage de Superman et sa psychologie. Tourmenté sans être pétri de questions existentielles, persuadé de toutes les plus belles morales qu'il a découvert durant sa jeunesse, Clark Kent s'impose comme un héros qui s'efface devant sa nature et l'accepte. Jusque là, "Man of Steel", par sa caméra pendulaire qui colle au plus près de son héros, s'impose par l'ampleur minimaliste qu'il dégage.
Quand soudain arrive la seconde partie. Ce fameux point de rupture où les producteurs se rendent compte qu'ils leur restent encore 200 millions de dollars sous la main. Alors, la tentation est trop grande. Superman devient donc un jouet. Un prétexte à l'image du général Zod pour tout faire sauter. Metropolis devient l'objet d'un massacre aux antipodes de la morale de Superman qui accompagnait et portait le film jusque là. Les morts se comptent par dizaines de milliers. Metropolis se transforme en un cimetière macabre fait de cadavres et d'immeubles effondrés, baignant dans la poussière. Superman, lui, laisse le nombre de morts augmenter au profit de sa Lois Lane, démontrant toute sa force lors de combats superbement chorégraphiés. Car ne compte alors plus que le seul spectacle visuel. Ode à la pyrotechnie, oubliant tout le fond, véhicule d'émotions du héros. Pendant une heure, tout ce que le film avait réussit à créer avec intelligence et passion est balayé, laissant le coeur lourd au spectateur devant un tel massacre où seuls les personnages les moins intéressants campés par Amy Adams et Laurence Fishburne finissent par survivre. Une telle déception émane de cette profusion d'effets spéciaux qu'on en oublie les évidents défauts scénaristiques liés aux kryptoniens évoqués ici et là.
Pendant un moment, "Man of Steel" avait tout du nouveau grand film de super héros... jusqu'à ce que, à l'image des gratte ciel de Metropolis, tout s'écroule comme des dominos. Le souffle est là. Le spectacle est incroyable. Jamais ennuyeux. Ni ennuyant. Mais là n'est pas la question. Retourner sa veste en plein milieu de film pour déconstruire tout un mythe si brillamment introduit en l'espace d'une heure et quart, est bien plus décevant que tout autre défaut relevant du pur engin cinématographique.
Reste pourtant une musique superbe, une esthétique rare pour un film de super-héros contemporain et un divertissement honorable. Mais ne pouvant voler plus haut.