Après le Dark Knight, Chris Nolan prend en charge de redorer le blason de l'autre emblème de DC Comics, l'Alpha et l'Omega des Super-Héros, Superman. A la barre de la production, il va choisir Zack Snyder à la réalisation et Hans Zimmer à la musique. Au casting, on retrouve Russel Crowe et Kevin Coster pour les 2 figures paternelles, Amy Adams pour la journaliste Lois Lane, et Michael Shannon pour le Général Zod. Une équipe prestigieuse qui met la pression. La Warner veut réitirer le succès de Batman avec une franchise historique et s'y donne les moyens.
Man of Steel n'est pas une adaptation de Superman, tout comme Batman Begins n'était pas une adaptation classique de Batman. C'est une complète relecture, une redéfinition des fondamentaux, un nouveau départ. L'intention peut choquer les puristes, mais elle est louable, ça sera une saga cinématographique sur un Alien qui va chercher et trouver sa place parmi les Terriens et certaines fondations du personnage de Superman établies dans les comics seront remises en question. Pour ma part, c'est salutaire, étant donné que l'adaptation parfaite existe déjà avec les films de Richard Donner et de sa "suite" par Bryan Singer, j'ai envie de voir une nouvelle version.
Et dès le début, on est servi. Krypton est décrit comme une planète abritant un peuple très avancé qui a maitrisé les sciences à son paroxysme, et que l'arrogance ménera à sa perte. L'histoire est connue, Kal-El, fils de Jor-El et de Lara-El est envoyé sur Terre, devenant ainsi le dernier survivant de Krypton dont la funeste destinée était inévitable. Il sera recueilli par une famille aimante, les Kent, qui lui inculquera les valeurs de la bonté et du respect. Et ce Kal-El deviendra Superman aux yeux des humains, les guidant vers un idéal à atteindre. Tout ceci est dans Man of Steel, sauf que le chemin sera différent de ce qu'on connait. La quête existentielle de Clark Kent prend place durant la moitié du film, construisant petit à petit le cheminement d'un fils qui se sent étrangé d'une planète qui l'a recueilli, cachant sa véritable nature au mépris de son désir d'aider autrui, vers sa destinée et sa révélation au monde entier. Sa relation avec Lois Lane prend également une tournure surprenante et c'est pas du tout déplaisant. Sachez que le film parle surtout de comment Clark Kent devient Superman, et pas du Superman qui se déguise en journaliste du Daily Planet. Et puis Zod arrive sur Terre pour retrouver Kal-El, et à partir de là, c'est la fête du slip, les chevaux sont lachés, et on assiste à des combats titanesques qui font passer la concurrence chez Marvel comme de la vulgaire pisse de chat. Superman est le plus fort de tous les Super-Héros, et Zod est de la même trempe, et quand les deux se foutent dessus, ben ça se voit que leurs puissances dépassent l'entendement. Pour les fans de la première heure, vous vous souvenez de Superman 2 qui opposait déjà Superman à Zod? Vous aussi, vous avez fantasmé sur un duel entre Kryptonniens? C'était génial dans Superman 2 mais quand même, ça se résumait à du super-souffle qui provoque une petite tempête, et de murs de béton balancés dans la gueule. Et ben maintenant qu'on a enfin les outils pour nous faire à l'impossible, le Snyder il se fait très très plaisir! Distribution de pains atomiques à mach 24, des villes dévastées, des combats qui vont jusque dans l'espace, la Terre prend très cher. C'est Dragon Ball Z sur grand écran tout simplement. Sangoku Vs Vegeta à Metropolis. L'histoire de Sangoku est insipirée de Superman, Man of Steel emprunte énormément à Dragon Ball Z pour les scènes d'action, mais aussi pour la dramaturgie et la rivalité qui oppose Superman à ses congénères kryptonniens, à l'instar d'un Sangoku qui défend la Terre face aux Saiens Végéta et Nappa. La boucle est bouclée. J'ai la furieuse envie de parler d'une scène cruciale d'une puissance incroyable alors si vous n'avez pas encore vu le film, passez votre chemin, ça va spoiler comme un porc.
ATTENTION SPOILER ALERT!!
Acculé dans son combat contre Zod, Superman le tue avec une violence inouie, bafouant les règles les plus élémentaires qui régissent le mythe de Superman. Mais il le fait pour sauver des vies humaines, n'ayant pratiquement pas le choix, devant la menace extrême que représente un tyran tel que Zod pour l'humanité. Cette séquence va faire couler beaucoup d'encre, mais connaissant Nolan et Goyer, je n'en doute pas que cet aspect blasphématoire sera une pièce maitresse de la construction du personnage de Superman. Une scène qui m'a donné des frissons comme dans le tout premier Superman où ce-dernier pleure la mort de Lois Lane et décide d'aller contre la volonté de son père et de sauver sa bien-aimmée en modifiant le cours de l'histoire. Une putain de scène quoi.
FIN SPOILER ALERT!!
Le film n'est pas exempt de défaut, l'utilisation d'un McGuffin dans un tel film est vraiment maladroite, après la Matrice de Commendement de Transformers, le Tessaract de Avengers, bienvenue au Codex de Man of Steel. L'idée est un cache-misère scénaristique qui aurait pu être éviter avec un peu plus d'imagination, surtout pour un film de cette trempe là, mais bon, c'est sans doute le péché mignon de David Goyer (rappelez-vous du réacteur à fusion nucléaire du dernier Dark Knight!). Il y a aussi un certain déséquilibre entre développement des personnages, et castagnes, un peu moins de baston, et un peu plus d'approfondissement de la quête initiatique n'aurait pas été le refus, mais en l'état le film marche très très bien, c'est très rythmé, ça dure 2h20 mais on ne les voit pas passer. Et puis ça se conclue sur une jolie pirouette très très chouette.
Man of Steel, une adaptation qui prend le risque de se mettre à dos les puristes du grand bleu, mais qui annonce une saga aussi excitante et épique que les Dark Knight.