C'est l'histoire d'un amour contrarié...
Depuis Superman IV en 1987, le personnage était tombé dans la ringardise et le kitsch absolu selon les détracteurs du personnage et à raison, tellement les 3eme et 4eme épisode avaient complètement tué l'icône érigé par le 1er film de Richard Donner. Quand au 2eme épisode, son origine un peu bâtard le situe entre la continuité du 1er chef d'œuvre et du nawakisme (cherchez pas dans le dico, je viens d'inventer ce mot) des autres suites.
Nous sommes en 2006, et Bryan Singer a la mission de ressusciter le personnage aux yeux du public et de lui redonner la grandeur et la noblesse qui lui est du. L'histoire est somme toute assez simple, Superman s'est absenté pendant 5 ans pour un voyage initiatique vers ses origines et les vestiges de la planète Krypton. Il est revenu bredouille mais le monde qu'il a laissé derrière lui à changé. Comment son retour va-t-il être perçu par le monde entier et plus particulièrement par sa journaliste préférée Loïs Lane?
Ce qui est bien c'est que Bryan Singer, Mr Usual Suspect mais aussi X-Men et X-Men 2 (c'est donc devenu un spécialiste du genre malgré le fait qu'il n'est pas un lecteur assidu de comics), a la bonne idée de ne pas balayer le travail qui a déjà été fait, et surtout il ne récupère que le meilleur déjà fait. Superman Returns est donc la suite du 1er Superman et du 2eme avec quand même quelques zones de flous. Rien de très grave quand même puisque les scénaristes ont changé, les acteurs ont changé, l'équipe a changé, et surtout l'époque n'est plus la même. On ne s'attardera donc pas aux quelques incohérences qu'on peut rencontrer. Malgré les 28 ans qui sépare Superman de Superman Returns, Singer marche sur les pas de Donner, le générique est une version moderne de l'ancien, la musique n'a pas trop changé (et de toute façon, la musique de John Williams est inégalable d'héroïsme alors pourquoi se faire chier à composer un autre thème), le nouvel interprète de Superman possède une ressemblance troublante avec le regretté Christopher Reeve, jusqu'à dans la voix et la locution du jeu d'acteur! Enfin le personnage de Lex Luthor est dans la droite lignée du jeu de Gene Hackman, et Kevin Spacey s'en donne à cœur joie dans la grandiloquence et le bouffoneresque. Donc pour ceux qui ne porte pas le 1er film dans leur cœur, passé votre chemin, c'est pas avec ce Returns que vous allez aimer le personnage!
Superman est un héros iconique. Voilà comment résumer le film. Superman n'est pas un héros comme les autres, il est à l'image de notre Zizou national, un dieu vivant (mais qui ne fout pas de coup de boule devant les caméras de télévision lui!). Et on le voit à l'écran, chacun de ses exploits sont suivis par le monde entier, lorsqu'il est dans l'espace, Superman regarde la Terre comme Batman observe Gotham City, ou Spider-Man survole New York, cette Terre qui l'a adopté comme l'un des siens, et il en a la responsabilité aux vues de ses pouvoirs. Et son statut de dieu possède le revers de la médaille: il ne pourra jamais avoir une vie normale, une relation normale avec une femme (Loïs Lane en l'occurrence), une vie de famille, des amis...Et c'est cette facette du super-héros qui est mis en valeur ici, il est isolé, seul, au service de tout le monde sauf à lui-même, d'ailleurs, le peu de dialogue qu'il a renforce sa solitude. Et son avatar humain, Clark Kent, on le voit à peine, il est présent sans être là, parce que ce n'est pas Clark Kent qu'on voit à l'écran, mais Superman sous son déguisement d'humain. Superman qui plus que jamais possède une dimension christique dans le film, il est le messie d'un monde qui n'a plus d'espoir, il sacrifie sa personne pour le bien de tous et pour les otakus du comics, Spider-Man 2 avait sa scène mythique du métro, et bien cette fois-ci, Superman a son équivalent en plus énorme mais je n'en dirais pas plus!
Le film ne manque pas d'humour, mais ce n'est pas de l'humour fait de vannes vaseuses qui polluent les films d'aujourd'hui, mais de l'humour de situation, de l'humour vieille école, faite de clin d'œil aux fans et de sous-entendus au 2eme degré. L'apport de Singer à la mythologie est intéressante, on connait sa aptitude à vouloir intégrer le réalisme de la vie courante dans un univers complètement imaginaire, et cela se ressent, il rend le personnage crédible, la réaction du public est crédible, et cela renforce à mon avis le côté mythologique de l'histoire. Parce que finalement, l'univers des comics, c'est de la mythologie moderne, à l'image des héros grecques, on a ici des super-héros aux pouvoirs extraordinaires dans un univers ressemblant aux nôtres, capable d'actes héroïques digne de Hercule ou Hector. Et dont la dimension des personnages renvoient à des valeurs morales de la vie de tous les jours. "De grands pouvoirs, vient de grandes responsabilités" disait Oncle Ben dans Spider-Man. N'est-ce pas là un message qui pourrait provenir d'un mythe grecque? Sans oublier que comme les mythes grecques, les histoires de super-héros, tout le monde connaissent leurs histoires et leurs origines dans les grandes lignes mais qui a vraiment lu les comics originelles? Leurs histoires sont ancrées dans l'imaginaire collective, et je pense que c'est cette image qu'il faut retenir de ce genre de films, et ne pas résumer cela à des films avec des gens en collant et costume coloré qui ont des pouvoirs magiques pour en mettre plein les yeux.