Bien qu'il ne soit pas le plus grand acteur de la création (loin de là), moi je l'aime bien le Keanu. Le bonhomme a beau avoir des choix de carrière parfois douteux, il émane de lui une certaine coolitude et il parait tout à fait charmant en interview, conscient de ce qu'il est et de sa place au sein de cette graaaande "famille" hollywoodienne. Le voir s'atteler pour la première fois à la mise en scène d'un long-métrage avait de quoi piquer ma curiosité, encore plus au regard du sujet abordé.

Loin de n'être qu'un simple délire de fan énamouré comme l'avait put être le sympathiquement boiteux "L'homme aux poings de fer" de RZA, "Man of Tai-Chi", tout bancal qu'il est et rempli de défauts, témoigne avant tout de l'honnêteté et de l'humilité de la démarche de Keanu Reeves, le tout jeune réalisateur ayant tout compris à l'art martial qu'il met en images, retenant parfaitement les leçons de ses maîtres à penser et captant efficacement les mouvements aussi gracieux et violents de ses athlètes, bien aidé il est vrai par le célèbre chorégraphe Yuen Woo-Ping.

Conscient de ses limites physiques, la star ne s'octroie que le rôle du bad guy (qu'elle joue très mal, d'ailleurs, désolé Keanu), préférant mettre dans la lumière son pote Tiger Hu Chen, artiste martial et cascadeur qu'il avait rencontré sur la trilogie "Matrix". Si Chen n'est pas du tout comédien et a le charisme d'une huitre, il reste un athlète de haut niveau et déchire tout sur son passage lors des excellents combats.

Bien qu'extrêmement classique et prévisible, le scénario n'en reste pas moins intéressant dans sa description du parcours d'un combattant innocent qui gagnera petit à petit en puissance au risque de se laisser aller à la rage et pervertir la nature même de son art, Reeves pointant du doigt la récupération commerciale d'une discipline prônant avant toute chose la sagesse et le bien-être.

Souffrant de sérieuses longueurs, n'exploitant jamais son casting (le combat scandaleusement expédié entre Chen et Iko Uwais) et ratant son final (la faute principalement à Reeves lui-même, physiquement à la traîne), "Man of Tai-Chi" n'en reste pas moins un premier film attachant et infiniment sympathique, efficace dans l'action et respectueux envers l'art qu'il met en scène, ayant définitivement compris que les arts martiaux sont d'abord un état d'esprit et un mode de vie avant d'être un sport de combat.
Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

16
3

D'autres avis sur Man of Tai Chi

Man of Tai Chi
Rano84
6

Reeves halte !

Man of Tai Chi se présente comme un concept qui sent bien le réchauffé et le manque d'originalité......et c'est tout à fait vrai ! Lisez par vous mêm : le gentil pauvre chinois va se faire manipuler...

le 31 déc. 2013

14 j'aime

2

Man of Tai Chi
drélium
4

Keanu Be

Bien dommage. Ça aurait pu être un super film de tournoi, le Bloodsport culte de Keanu même, fourni en combats, pas trop mal filmé, judicieusement épuré de drama et de trauma à la mords-moi, une...

le 15 sept. 2015

14 j'aime

7

Man of Tai Chi
cherycok
6

Et ben c'était pas si mal !

L’expérience Matrix a réellement du marquer Keanu Reeves, plus particulièrement son entrainement intensif avec le chorégraphe Yuen Woo-Ping pour se donner un semblant de crédibilité lors des scènes...

le 25 juil. 2013

12 j'aime

4

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20