*Carreyment* magistral ....
Hier soir.... j'ai re-re-regardé "Man on the moon". Mais je vais faire comme si c'était la première fois, et, de toutes façons, mon avis n'a pas changé.
Autant le dire tout de suite : les mimiques grandiloquentes de Jim Carrey me gonflent ! Quand il surjoue le clown farceur, à grand renfort de sourires carnassiers, et de yeux hyper-globuleux extirpés de leurs orbites... ouais, moi, ça me gave vraiment. Hé bien, là... Jim Carrey a le talent, l'immense talent, de jouer avec retenu, pudeur même, et il mesure chaque ressenti avec subtilité comme autant de frôlement sur la harpe de nos émotions.(bien dit, non ?)... Jim Carrey démontre l'immensité de son talent, et il fallait sans doute toute la force de Milos Forman pour le cadrer. Tout le film repose sur lui, et sublime l'acteur, autant que l'acteur sublime "son" film...
L'histoire... est celle d'Andy Kaufman, cet humoriste américain qui a réussi à sortir des carcans burlesques pour élever le rire au rand de l'art et de la performance artistique... Il a jeté les bases, non seulement de l'humour, d'un autre humour (je pense notamment aux Monty Python, mais pas que... ) et de l'art moderne. Oui, rien que ça. Il a inventé le concept de "l'expérience"... Ou l'art vivant devient non plus une représentation de quelque chose mais une "expérience de vie", de la meilleure (la toute fin du film) à la pire, avec son personnage schizophrénique "Tony Clifton"... véritable exécutoire et manager merveilleusement insupportable.
Ceux qui n'ont pas vu le film, et qui ne connaissent pas Andy Kaufman, ne doivent rien comprendre à ma critique... Alors, c'est simple ; voyez ce film. Pas seulement parce que c'est un très bon film, mais d'abord pour découvrir cet immense artiste, précurseur, qu'était Andy Kaufman, parfaitement interprété par Jim Carrey.
Le film est à l'image du personnage ; émouvant, drôle bien sûr, cynique, virulent, visionnaire, violent (dans l’échafaudage de "blagues" alambiquées) et très très tendre et attachant... On y retrouve aussi Courtney Love, qui est sans doute la seule à approcher la magistrale performance de Jim Carrey (elle joue sa femme).
... quand le film se termine, que le rideau redescend, et que l'on voit une dernière fois le fantôme d'Andy à l'écran... on a qu'une envie, croiser le clone (clown) "Tony Clifton" dans un cabaret crasseux, pour qu'il nous chante un "Volare" en fumant une clope en public et nous insultant....
Un très grand film.