Je ne sais pas vraiment comment parler de ce film parce que c'est un film qui se ressent. J'en suis ressorti totalement bouleversé et j'aurais du mal à mettre le doigt sur la subtile alchimie qui a produit sur moi tant d'effet.
Le synopsis est le suivant: Lee Chandler (Casey Affleck), la petite quarantaine, vit seul comme "homme à tout faire" (jardinage, plomberie...). Il mène une vie morose, insatisfaisante, et provoquer des bagarres dans les bars semble être sa seule occupation. Lorsqu'on l'appelle pour lui apprendre que son frère Joe est décédé et qu'il devient de ce fait le tuteur légal de son neveu de 16 ans, Patrick, il est contraint de retourner à Manchester (USA), ville à laquelle il n'attache pas de bons souvenirs.
Ce film fait partie des rares mélodrames de qualité qui se font en ce moment. Je me souviens, il y a quelque mois, être sorti dégoûté de la projection de "Une vie entre deux océans" tant le pathos était sur-appuyé et le film chiant.
A l'inverse, point de lourdeurs ici, seulement des acteurs à fleur de peau qui font passer par un regard ou quelques phrase bafouillées plus d'émotions que par n'importe quelle tirade larmoyante.
Car "Manchester by the Sea" est avant tout un film sur la communication, ou plutôt sur l'incapacité à communiquer (il fait en cela écho à mon autre chouchou de cette année, "Premier Contact" de Denis Villeneuve, avec une approche certes moins métaphysique). Les personnages sont tous, à différents degrés, traumatisés, dans le déni, ce qui créé des tensions fortes d'amour, de haine, qui jamais n'éclatent au grand jour.
L'utilisation des flash-backs est très habile, fluide. La réalisation est classieuse bien qu'assez classique, mais nul besoin de prouesses techniques ici tant le réalisateur mise sur ses personnages pour transmettre ce qu'il veut.
En parlant des personnages, je n'avais jamais vu Casey Aflleck dans un film avant mais je pense me faire toute sa filmographie dès que j'en aurais le temps, ce mec a un talent de dingue. Le reste du casting n'est pas en reste. L'ex-compagne du héros et le gamin, notamment, sont plus que convaincants.
Et on ne reste jamais enfermé dans le chagrin, le drame. Le film présente des tranches de vie dans leur intégralité, sans rien ellipser. Je pense notamment aux dialogues entre Lee et ses clients dans les premières minutes du film, ou à certaines situations entre l'oncle et le neveu, qui portent vraiment à rire.
Bref, mon seul bémol c'est la longueur du film qui aurait gagné à être amputé de quelques minutes pour finir de manière moins "tranchée", mais je fais ma fine bouche.
C'est bizarre, je ne pensais pas du tout être réceptif à ce genre de cinéma. Je crois que "Manchester by the Sea", au détour de quelques scènes fortes, de quelques intonations dans les répliques, a réussi à changer ma vision du genre mélodramatique. Merci pour ça.