La Course à l'échalote

Échec faramineux du box-office ricain des années 80, Manhattan Loto ne vaut concrètement que pour la présence haute en couleur d'un Michael Keaton toujours aussi déjanté, si bien qu'on se demande vraiment comment il n'a pas décroché le rôle du Joker plutôt que Batman dans le film de Burton. Réalisé par Roger Young (Signé Lassiter), le long-métrage suit les mésaventures d'un artiste sans le sou accroché à la mouise qui va être recherché par des gangsters pour avoir pris une mystérieuse boîte noire dans l'appartement de son ex mais également être soupçonné de meurtre. Il va alors s'allier à une détective privée inexpérimentée pour se débarrasser du paquet.

Ça, c'est le scénario tel qu'on peut le comprendre au premier abord parce que c'est vraiment très mal écrit et par conséquent très dur à suivre. Allant dans tous les sens, ne finissant que rarement ses scènes (comprendre que chaque chute semble avoir été coupée au montage), Manhattan Loto n'arrive jamais à proposer un rythme constant, limpide et oublie carrément des séquences entières d'insert, ce qui ne facilite pas la compréhension. Petit exemple : notre héros retrouve son pote à qui il lui a donné le fameux MacGuffin du film pour le mettre en sûreté et se tirer de la merde en début d'intrigue. Sauf qu'on ne l'a jamais vu lui donner le fameux paquet.

Autre exemple : notre héros plonge dans l'eau après une folle course-poursuite et semble s'être noyé, comme en témoigne le sourire sur ses poursuivants, la musique dramatique et le fondu au noir. Plan suivant : le voici tout sec dans son appartement comme si de rien n'était. Et c'est comme ça pendant 1h40. Dialogues apathiques, enchainement des séquences anarchique, ruptures de tons par dizaines, seconds rôles peu exploités (si ce n'est Rae Dawn Chong, décidément piètre actrice après sa "performance" dans Commando)... Le long-métrage n'amuse jamais et ce en dépit de quelques scènes d'action réussies et d'une musique typique des eighties (ressemblant par moments très pour trait à celle du futur Tango & Cash). C'est long, ennuyeux, bordélique, pas vraiment mémorable et encore moins recommandable.