A priori, John Woo ne devrait pas avoir trop de mal à dépasser l'originale, thriller archi-classique du prisonnier en cavale qui va devoir prouver seul son innocence.
Ce qui est incompréhensible est la durée totalement surréaliste de 2h30 pour un film de ce genre qui devrait au contraire foncer pied au plancher et maintenir la pression. Les 20 premières minutes étaient plutôt réussies à ce titre, s'attaquant au cœur du sujet dès la fin du générique sans prendre le temps de présenter le background des personnages. La suite sera bien incapable de faire preuve d'autant d'efficacité, handicapée par une réalisation amorphe dénué du moindre rythme. C'est tristement paradoxal car le film en lui-même ne manque pas de péripéties et de rebondissement mais étalés inutilement sur 150 minutes, leur enchaînement ne créant guère d’excitation ou de tension.
Et il faut dire aussi que ces péripéties sont d'une idiotie redoutable pour des facilités éhontées. Citons par exemple la double attaque d'un ours, le héros qui apprend à piloter un avion en moins de 5 minutes, des rencontres fortuites qui tombent toujours bien, un dernier acte dans un hôpital psychiatrique risible au possible ou une conclusion affligeante. Et que dire de l'improbable histoire d'amour qui donne une scène assez cocasse avec bougie et carpette sorti de nulle part. Le point plus gênant est toutefois peut-être la musique composée de 2-3 thèmes ressassés jusqu'à l’écœurement et qui ne sont absolument pas adapté au film. On la croirait plutôt écrite pour du Jacques Tati, accentuant le comique involontaire de certaines séquences.
Au milieu de tout ça, surnage tout de même la présence charismatique de Ken Takakura et un premier tiers assez amusant avec une bonne cadence. Après, ça se grippe de plus en plus sans être non plus le sommet d'ennui.