Alexandre Aja et Grégory Levasseur propose ici un remake d'un cultissime, glauque et dérangeant Maniac de 1980. Ce film de William Lustig avait marqué les esprits avec son approche crue et choquante. Chef-d'œuvre fauché, un pur produit de l'horreur underground des années 80, qui proposait de nous plonger dans le New York hyper creepy des années 80.
Si dans le premier film éponyme, on déambulait dans un New-York glauque à souhait, dans le Maniac de 2012 on se promène tranquillou en bagnole dans un Los Angeles downtown bien sous tout rapport. Avec ces lofts de luxe, ces soirées mondaines, ces photographes-mannequins, son soleil, ses palmiers.
Rien à voir donc avec l'ambiance malsaine du Maniac de William Lustig.
La version de 2012 reprend le même thème central : celui d’un tueur en série solitaire, traquant ses proies dans les ombres de la vie urbaine nocturne. Ici dans la cité des anges. En lieu et place de Joe Spinell, cette fois, c’est Elijah Wood qui endosse le rôle du tueur. Franchement bon acteur, franchement crédible dans le rôle.
Et puis, une série d'allers-retours en bagnole pour aller chercher quelque chose ou quelqu'un, et puis un magasin de mannequins, et puis des traques nocturnes sous des lampadaires ultra-puissants, et puis un peu de gore, on est quand même chez Alexandre Aja et consorts.
Alors oui, un truc intéressant : l'idée de la caméra subjective qui nous fait suivre l'action du point de vue du tueur. Pas si con et plutôt réussit, on imagine par contre le merdier pour rendre le truc efficace. On imagine le défi technique lorsque Elijah se regarde dans le miroir, découpe ces victimes en morceau, se bat, cours, conduit...
Et du même coup, on se rend compte d'un nouveau gouffre avec le Maniac de 1980, qui, au bout de la fauche, avait, par exemple, piqué des stock-shot du Inferno de Daria Argento pour boucler le métrage. A mille lieu d'imaginer un tour de manège en caméra subjective donc.
Alors forcément, sans être particulièrement dépensier le Maniac de 2012 parait n'être confronté qu'à des problèmes de riches face à son frère ainé sans le sou. Sous le soleil de LA, avec des dispositifs techniques top niveau, son acteur star et oscarisé, du lourd de chez lourd.
Néanmoins, Maniac 2012 propose donc un contre-pied intéressant, étant entendu qu'il ne pouvait pas surpasser la proposition radicale de William Lustig ;-) L'original, bien que littéralement fauché, se distingue encore aujourd'hui par sa rudesse, son atmosphère malsaine et sa plongée cauchemardesque dans un New York glauque et oppressant. Quand on traite d'une histoire de serial killer rôdant en ville, avouons que cet environnement urbain 'badant' ajoute une dimension intéressante au récit.
Loin du soleil de LA.