Maniac Cop
6.1
Maniac Cop

Film de William Lustig (1988)

Scénariste aussi productif qu'inventif, Larry Cohen a l'idée de Maniac Cop en discutant avec le réalisateur William Lustig : il lui dit son admiration pour Maniac, puis ils plaisantent ensemble sur la manie des studios de l'époque à systématiquement placer le mot "cop" dans leurs titres. Ainsi né celui de Maniac Cop qui, sous la plume de Cohen et devant la caméra de Lustig, deviendra l'une des meilleures séries B de ces années 80 finissantes.


Comme toujours avec Larry Cohen, Maniac Cop impressionne par la force de son concept simple. Le principal est fait quand le film installe son flic tueur dès les premières minutes, après quoi il suffit de développer tranquillement la situation, et tout ce qu'elle implique. Dans le cas de Maniac Cop, cela devient naturellement une critique des agissements abusifs de la police. De là à devenir un brûlot anti-flics, il reste un gros pas à franchir. D'abord parce que Maniac Cop reste un film d'exploitation qui ne peut se permettre de se montrer trop engagé si cela peut faire décrocher le spectateur. Si sa contestation est cependant bien présente, elle s'impose de manière parcimonieuse : par des extraits de micro-trottoir à la télé (qui pourraient d'ailleurs fort bien être des stock shots et qui sont encore d'actualité pour certains), ou par l'habileté de Cohen pour faire ressentir au spectateur la psychose qui gagne les rues de New York. Pour autant, Maniac Cop n'est pas anti-flic car le flic tueur reste ambigu de bout en bout (flic abusif certes, mais voulant se venger d'une institution policière corrompue à tous les niveaux), et il est poursuivi par des gentils qui, loin d'être irréprochables eux-mêmes, semblent tout de même habités par une certaine idée de justice.


Bon, pour ceux qui ne se sont pas encore endormis à ce point de ma critique (mais il faut dire que les figures policières sont toujours si foutrement délicates depuis L'Inspecteur Harry), vous serez heureux de savoir que Maniac Cop n'est pas un pensum barbant sur la place de la police dans les sociétés occidentales modernes, mais bien une série B jubilatoire partant pied au plancher dans ses 81 minutes bien remplies en meurtres et cascades. En plus, il est peuplé de stars du cinéma de genre ricain, de Tom Atkins, fidèle de Carpenter, à Richard Shaft Roundtree, en passant par Bruce Campbell fraîchement sorti d'Evil Dead 2 (et dont le réalisateur Sam Raimi se fend même d'un caméo !) ; et tout ce beau monde, irréprochables dans des rôles suffisamment bien écrits pour être attachants, gravitent autour d'un Robert Z'Dar inaugurant son rang de star de la série Z.


Et derrière la caméra, William Lustig fait aussi du bon gros boulot, se sentant comme un poisson dans l'eau dans la sordidité des rues newyorkaises de l'époque. Quand bien même, par souci d'économie de budget dérisoire, celles-ci ont été reconstituées à Los Angeles : quelques stock shots aidant, on y voit que du feu ! Surtout que le réalisateur ne recule devant aucun genre que lui présente le script éclectique de Cohen : commençant comme un slasher, Maniac Cop ne tarde pas à muter avec succès avec le polar et le film d'action. Une multitude de registres qui fait beaucoup pour la jubilation que procure ce film musclé, emblématique de l'ère VHS non pas pour son kitch désuet, mais bien pour son efficacité inoxydable.


PS : j'ai regardé ce film avec ma copine par un fiévreuse nuit d'été, donc avec la fenêtre ouverte. Quand des petits plaisantins ont joué avec de puissants pétards dans la rue (du moins j'espère que c'était ça, et pas un authentique pétard Smith & Wesson), ce qui n'amuse pas du tout quand vous regardez ce film chargé en violence urbaine...

BastienMarie
9
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le 23 juil. 2016

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Bastien Marie

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