Mank a gagné?
Le mérite du film, c'est de nous dire que Citizen Kane (1941) a été écrit en majeure partie par Herman Mankiewicz et non pas par Orson Welles. Ils reçurent ensemble l'Oscar du meilleur scénario...
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David Fincher a toujours eu un rapport très complexe avec les studios de production. De l’effroyable tournage d’Alien 3 qui aura traumatisé le jeune réalisateur à la bombe anticonformiste, contestataire et totalement inentendue de la part de la 20th Century Fox qu’était Fight Club ! David Fincher et les studios, c’est un cas particulier. Un coup, ses ambitions sont brimées, un coup il est totalement libre. Mais pour être tout à fait honnête, qu’importe les conditions de production, David Fincher ne m’a jamais déçu. Se7en, Benjamin Button, Gone Girl, tous d’incroyables films qui ont hissé Mr Fincher parmi mes réalisateurs préférés.
Mais David Fincher est comme n’importe quel réalisateur, il aime qu’on le laisse tranquille, qu’on laisse son talent créatif exploser. Et aujourd’hui, le studio qui laisse ses réalisateurs s’exprimer, c’est Netflix. Scorcese, Cuaron et maintenant Fincher, nombreux sont ces réalisateurs a qui on a laissé totale liberté. Scorcese a pu reparler de gangster, Cuaron de son pays natal qu’est le Mexique et Fincher… a ressorti un vieux scénario de son père Jack Fincher. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Fincher nous parle donc de Herman Mankiewicz, scénariste ayant reçu l’Oscar pour le monument Citizen Kane, le chef d’œuvre d'Orson Welles.
Et il faut être honnête, le sujet ne m’intéressait guère… Pas que je ne voue pas une folle admiration pour Citizen Kane (j’adore ce film), pas que je me fiche du cinéma hollywoodien des années 30. Ce qui me chiffonnait vraiment avec un tel sujet, c’est qu’est-ce que Fincher allait bien pouvoir nous raconter avec un mec qui écrit le scénario du film le plus acclamé de l’histoire du cinéma. Et encore après mon visionnage, je ne vois pas trop de quoi Fincher a voulu me parler. Il évoque bien évidemment les convictions politiques socialistes de Mank dans un milieu pourtant très capitaliste. Il nous parle de son alcoolisme, de sa relation avec sa femme. Bref, il nous parle de tout un tas de choses sur Mank, mais encore maintenant, je n’arriverai pas à définir qui est Mank.
Ce que je veux surtout exprimer par-là, c’est qu’au final, le dernier film de David Fincher raconte beaucoup sans vraiment raconter grand-chose. J’ai l’impression que, poussé par sa liberté totale, Fincher s’est carrément éparpillé, persuadé de son talent créatif, il est parti dans tous les sens, quitte à en laisser sur le carreau. Et en vrai, c’est pas qu’une impression puisque la critique est assez partagée sur Mank. Certains y voit un nouveau chef d’œuvre de Fincher, d’autres, le trouvent totalement à côté de la plaque.
Et moi, je dois vous avouer quelque chose…je suis totalement con ! Parce que David Fincher…je l’aime ! Mais bon dieu que je l’aime mon p’tit David. C’est un gars que j’aime tellement que je serai prêt à le suivre partout, espérant revivre les frissons du final de Se7en ou la mélancolie de Benjamin Button. Et surtout, Fincher est à mes yeux, le meilleur metteur en scène de sa génération. C’est bien simple, il suffit d’une simple capture d’écran d’un de ses films pour que je m’extasie dessus. J’aime David Fincher à tel point que je suis prêt à lui manger dans la main pour peu qu’il m’offre sa touche filmique.
Et la touche Fincher dans Mank, elle est là ! Eric Messerschmidt est là à la direction photographique et c’est donc sur un scénario de Jack Fincher que le film se base. La direction d'acteur me rappelle beaucoup celle de The Social Network avec des dialogues qui s'enchaînent avec une fluidité folle et un Gary Oldman à l'aise dans ses longs discours. Dans tous ses spores, Mank respire le cinéma Fincherien. La mise en scène est absolument somptueuse, il y a une vitalité et une imagination dans les choix de cadre et certaines scènes comme la soirée électorale du gouverneur de la Californie sont un bonheur pour n’importe quelle personne s’intéressant un tant soit peu à l’Art de faire un film. Mank est visuellement un bonheur à regarder et du coup, le film a beau ne pas raconter grand-chose, je me retrouve à en dire beaucoup de bien. Alors qu’en vrai, Mank…c’est franchement un des Fincher les moins réussis. On est loin du suspense haletant à la Se7en ou de la jubilation que procure Fight Club ! Mais voilà, c’est Fincher, et dans ce Mank, je m’y retrouve quand même pas mal. Donc évidemment que j’aime ce film.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de David Fincher, Les meilleurs films de 2020 et 2021 : une année de films et de court-métrages
Créée
le 25 févr. 2021
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