Mank a gagné?
Le mérite du film, c'est de nous dire que Citizen Kane (1941) a été écrit en majeure partie par Herman Mankiewicz et non pas par Orson Welles. Ils reçurent ensemble l'Oscar du meilleur scénario...
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Citizen Kane, souvent considéré comme un des piliers du septième art, souhaite présenté, à travers un scénario circulaire, la vie comme un seul et unique tout, au sein de laquelle chaque instant aurait une répercussion sur un autre, de part la force du vécu et des souvenirs. Le personnage de Charles Foster Kane, est à l'inverse de la structure narrative de l'œuvre, un homme souhaitant toujours allé de l'avant et cherchant ainsi à oublier son passif douloureux. Le film nous rappellera cependant qu'un homme est toujours rattrapé par son passé. Ainsi, un des messages forts de l'oeuvre est le fait de ne pas négliger son pasif et de l'assumer car il constitue le fondement d'un être. Citizen Kane constitue aujourd'hui l'oeuvre d'Orson Welles, façonnée de toutes pièces par ce dernier qui, de la réalisation à l'interprétation du premier rôle en passant par l'écriture, a réussi à s'approprier ce chef-d'oeuvre. Cependant, Mank nous livre une tout autre version de la conception de Citizen Kane, où le scénariste Herman Mankiewicz rédige le scénario du métrage, sous la pression du studio, de la sphère hollywoodienne et d'Orson Welles lui-même. Dans Mank, David Fincher se dresse face à Orson Welles, se dresse face à l'age d'or, se dresse face au cinéma, et cherche à repeindre le Hollywood des années 30 de la manière la plus authentique possible, afin d'y retranscrire ses aspects élogieux comme ses aspects les plus malsains. Car c'est avant tout cela Mank, la déconstruction d'un mythe. Charles Foster Kane à souvent été considéré comme l'alter-ego de son interprète, Orson Welles, et en effet, si ces deux hommes se ressemblent sur un point, c'est bien sur leur manière de réécrire le passé. Le cinéaste a su se dresser un mythe, que va chercher à déconstruire Fincher grâce à la personne d'Herman Mankiewicz, protagoniste tout aussi attachant que grotesque, interprété par un Gary Oldman au sommet. Fincher cherche à nous rappeler le passé, à ce qu'était Orson Welles et à la manière dont Citizen Kane a vu le jour. Il cherche ainsi à retranscrire le message de Citizen Kane que sont réalisateur lui-même aurait eu tendance à oublier : le fait de se rappeler le passé. En outre, Fincher va également chercher à déconstruire le mythe de l'âge d'or d'Hollywood en nous en délivrant une représentation réaliste. Il mélange avec brio dans sa mise en scène authenticité et modernité pour retranscrire un cocktail intemporelle. L'image à été longuement retouchée pour donner une impression d'un film tourné à la pellicule tout en assurant au métrage une photographie sublime. En outre, les travellings millimétrés témoignent de l'utilisation de caméras robotisées dont Fincher use pour obtenir des plans d'une rare perfection. Les costumes et décors sont merveilleux comme par exemple les studios de la Paramount et de MGM ou encore la demeure de William Randolph Hearst. Les seconds rôles sont très juste et certaines représentations, notamment celle d'Amanda Seyfried, sont remarquales. A l'inverse de Once upon a time in Hollywood, Mank retranscrit un âge d'or à travers ses aspects moins reluisant et nous propose une réécriture de la conception de Citizen Kane, une mise en abîme rudement efficace visant à déconstruire un mythe.
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Créée
le 26 févr. 2023
Critique lue 8 fois
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