Mank
6.3
Mank

Film de David Fincher (2020)

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This is a business where the buyer gets nothing for his money but a memory.

David Fincher revient au cinéma avec un film sur le cinéma. Et pas n’importe quel cinéma : un âge d’or d’Hollywood fantasmé, à forte testostérone, pour narrer l’histoire derrière la création du film qui a défini le nouveau cinéma. Et il réussit avec brio. Un film biographique qu’on sent aussi très personnel. De par la structure, on retrouve bien cette ambiance des films des années 30-40-50, pas seulement par l’utilisation du noir et blanc mais aussi dans la façon de faire, des dialogues, de l’utilisation des décors. On sent la volonté de recréer cette façon de faire un film, comme une sorte de mise en abîme car on voit la naissance d’un film qui s’inscrit dans un contexte particulier. Le film devient d’ailleurs intéressant à analyser pour repérer les inspirations de Mank quand on a encore en mémoire Citizen Kane.


On y trouve donc cette sorte de filiation entre les deux films, mais on n’oublie pas la vie du personnage et ce qui l’a conduit à créer cette œuvre aussi marquante. L’alternance entre les phases d’écriture, puis les doutes sur le projet, et les phases plus anciennes, qui ont bâti les sources d’inspiration est plutôt bien dosée. Tout comme on sent un lien entre le film et le film qu’il raconte, on sent ce lien entre les deux moments de la vie de Mank et sa personnalité, son humour cynique, son franc parler. Plus qu’un film sur l’écriture du « plus grand film américain », c’est un film sur l’écriture même, sur le processus créatif et comment celui-ci naît, se développe, s’inspire.


Le casting sera au top ! Charles Dance est superbe, Tom Burke est impressionnant en Orson Welles (l’intonation de la voix, surtout). Amanda Seyfried a un rôle limité, mais elle rayonne à chacune de ses apparences et dégage un charisme étonnant, mais qui s’inscrit tellement bien avec l’aura des actrices de l’époque en question. Dans la même veine, j’ai beaucoup aimé Lily Collins et Tuppence Middleton, qui pour le coup dégagent quelque chose de plus terre à terre, mais très efficace et poignant, contrebalançant à merveille la figure de Seyfried, mais aussi celle d’Oldman. Parce que oui, Gary Oldman porte ce film à merveille, même si ce n’est pas sa meilleure prestation, il est encore une fois incroyable.


Techniquement, le film reflète bien la pate de Fincher. Comme je le disais plus haut, le noir et blanc n’est pas le seul aspect du film qui retranscrit l’époque. La musique et les décors (somptueux) sont aussi de la partie. Le montage aussi, de même que la photographie ou la mise en scène, tout reflète un peu ce qu’on peut voir des films de cette époque, au point qu’on reconnaît la touche un peu obsessionnelle de Fincher sur les détails et les ambiances très prenantes. On est plongé dès les premières minutes et on ne lâchera plus avant la toute fin.


Mank est un film sur le cinéma, mais surtout la création. Quand on est fan, on se régale de bout en bout, on découvre les dessous d’un des films les plus légendaires d’Hollywood et surtout, on se rend compte qu’au-delà d’un projet démesuré de Welles, il en devient presque une critique acide biographique de Mank. Une fois de plus, Fincher régale !

Créée

le 30 mai 2021

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vive_le_ciné

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