Garce attacks!
Après "Miquette et sa mère" que j'ai vu la semaine dernière, encore un film assez mal-aimé dans la filmographie de Clouzot, qui choisit d'adapter à l'époque contemporaine le fameux roman de l'Abbé...
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le 12 avr. 2021
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7
Voici un film en apparence de facture très classique mais qui réserve des surprises liées à la volonté d'insérer l'histoire d'amour du XVIIIème siècle dans l'actualité de l'après-guerre.
En premier lieu on assiste au spectacle dégradant des femmes tondues à la Libération, malmenées par une foule hystérique, dans un déchainement de violence il est vrai en partie justifié par les privations subies pendant quatre ans de guerre. Manon, coupable de « collaboration horizontale », probablement de prostitution, échappe par miracle à la tonte grâce à l'intervention du résistant Des Grieux, (interprété avec classe par Michel Auclair). Dans les ruines d'une église, Manon tombe soudainement amoureuse de son sauveur, d'une façon tellement soudaine qu'elle en est suspecte. N'est-ce pas uniquement par intérêt et pour échapper à la vindicte populaire que Manon, la fille très légère, va tomber amoureuse de ce résistant très intègre?
Par la suite Manon, interprétée par la très jolie Cécile Aubry, n'aura de cesse de mentir, de tromper, d'humilier son amant mais sera en même temps ingénue, aimante, séductrice. Poussée par sa vénalité et par sa recherche du plaisir, elle en viendra à se prostituer à nouveau tout en continuant de jouer la femme amoureuse devant Des Grieux, qui, aveuglé par ses sentiments, ne s'aperçoit de rien. Manon sera même sur le point de se marier et de filer en cachette avec un vieux major américain très riche, et reviendra in extremis, prouvant qu'elle était bel et bien amoureuse en dépit des apparences.
Il est vrai qu'elle était aussi victime, entraînée dans la spirale du vice et des magouilles par son frère Léon, trafiquant étalant son luxe insolent, interprété par Serge Reggiani. Il est d'ailleurs regrettable que Reggiani n'ait eu à interpréter au début de sa carrière que des rôles de petite frappe, alors qu'avec sa sensibilité d'écorché vif il aurait mérité de jouer des rôles plus profonds. Manque de chance pour lui, sa route avait croisé celle de Clouzot, la volonté du metteur en scène étant d'afficher un ratio de 90% de personnages principaux négatifs quel que soit le film. Mais c'est aussi pour ce pessimisme sur la nature humaine qu'on apprécie Clouzot, avec sa volonté de prendre le spectateur à rebrousse-poils, ce qui lui permet d'échapper ainsi à l' académisme des films de son époque. L'honnête Des Grieux deviendra ainsi un escroc, en se livrant à des trafics louches, et finira en assassin, après avoir étranglé Léon. Cette déchéance du protagoniste principal est par ailleurs la copie conforme de celle du roman de l'abbé non-conformiste.
Vient alors la dernière partie du film, qui n'est pas la moins surprenante. Manon et Des Grieux, pourchassés par la police, décident de s'embarquer à Marseille en passagers clandestins, au milieu de passagers partis faire leur alya (partis immigrer en Israël). Comme rien ne nous préparait à cet épilogue, la dernière partie semble plaquée là artificiellement, uniquement dans le but de coller à l'actualité de l'époque. Ce dernier tiers du film aurait pu être l'occasion d'une rédemption pour le couple, uni par le travail dans un kibboutz et fondant in fine une famille unie et heureuse. Au lieu de cela le spectateur, comme le couple d'amoureux, subit une longue marche dans le désert avec des événements parfaitement prévisibles en pareil cas: des oasis, des bédouins, la fatigue, la soif. Et ça traîne en longueur, jusqu'à la mort inévitable de Manon, après son long chemin de croix, devant un Des Grieux éperdu de douleur.
C'est l'ambivalence des personnages, présente également dans le roman de l'abbé Prévost qui a séduit Clouzot et qui fait l'intérêt du film. Il fallait aussi certainement du courage à cette époque pour évoquer les femmes tondues de la Libération en prenant ouvertement leur parti. Néanmoins la fin trop artificielle pénalise l'ensemble et coûte quelques points en moins pour la note. Mais cette histoire d'amour vouée à l'échec renferme sa propre beauté, une beauté tragique.
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le 3 déc. 2017
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Je n'ai pas lu le roman de L'Abbé Prévost donc je ne serais dire si le film de Clouzot suit fidèlement la trame du roman, mais moi qui avait peur d'un film mal vieilli j'ai été surpris par son ton...
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