Des traders qui parlent de grosses bagnoles pendant que le monde s'effondre autour d'eux : aïe, ça sentait le cliché. Le film qu'on va voir en traînant des pieds.
Heureusement, bon casting ne saurait mentir : le film est à la hauteur de son affiche. Une photographie impeccable, des jeux d'acteur parfaits (mention spéciale à Kevin Spacey), un scénario bien écrit. Surtout, un croquis du monde la finance aussi acide et ambigu que juste.
Si Chandor ne se préoccupe que peu de l'aspect technique (qu'il parvient toutefois à évoquer sans erreurs manifestes, déjà un exploit) il s'attarde sur les tics inhérents au milieu - avec brio. A croire qu'il a hanté Wall Street dans une vie antérieure.
Attention, ne vous attendez pas à un rythme trop rapide : ce ne sont jamais que 7 heures d'une nuit condensées en 2h de film. Mais l'intérêt n'est pas dans l'intensité de l'action, plutôt, en creux, dans celle de l'attente, les interstices de silence entre deux réunions de crise, le calme avant la tempête.
Il faut enfin souligner la qualité des personnages secondaires, qui parviennent tous à dépasser le stade de la caricature. Ce n'était pas gagné - rien ne l'était - et pourtant, le défi est largement relevé.