On dit souvent que l'on écrit en priorité sur ce que l'on connait. Pour son premier film, J.C. Chandor prend cette maxime à la lettre, reproduisant à l'écran un monde qu'il connait bien (son père a bossé dans le milieu), celui de la bourse et de la finance. D'où un sentiment de réelle authenticité qui ne nous quittera jamais pendant les près de deux heures de métrage.
Réussissant là où "Wall Street 2" avait lamentablement échoué (et dans une bien moindre mesure "Company men"), "Margin call" est construit autour d'une unité de temps et de lieu réduite, nous plongeant dans les arcanes du pouvoir économique vingt-quatre petites heures avant que tout éclate, avant que le gouffre sur lequel nous vivons tous ne vienne nous engloutir.
Maîtrisant parfaitement sa narration et sa mise en image, le cinéaste réussit l'exploit de ne jamais nous perdre malgré un récit complexe où les chiffres atteignent un tel niveau d'abstraction qu'ils demeurent obscurs même pour les grands manitous qui dirigent cet asile de fou qu'est Wall Street, accouchant d'un premier film passionnant et prometteur, porté par un casting exemplaire, chacun jouant sa partition avec énergie et conviction. Voilà un metteur en scène à suivre !