C’est avec beaucoup d’émotion que la co-réalisatrice Hanna Bilobrova fiancé du regretté réalisateur Mantas Kvedaravičius a présenté Mariupolis 2 aujourd’hui au festival de Cannes. Ce documentaire au cœur du conflit russo-ukrainien n’est pas seulement un film. Il se dresse avant tout comme un message et une prise de position politique claire et franche du comité de sélection. L’omniprésence des journalistes avant et après la séance à participé à toute la tension palpable dans la salle. Malheureusement, l’engagement politique ne s’est pas bien marié avec le style particulier du documentaire au rythme très lent. La séance a été une longue marche de la honte ou l’on a pu voir sortir, tête baissée, des festivaliers déçus tout au long de la séance.
Lorsque les lumières se sont rallumées, des applaudissements et un long silence à suivi l’étrange procession s’empressant de quitter la salle.
Mais pourquoi ? Le film se construit autour d’une succession de plans, de scènes de vie en temps de guerre, avec toujours raisonnant en arrière plan les bombes et tirs de mitraillettes. On y lit la résignation, le désespoir des Ukrainiens. La camera se noie dans une action qui n’en es pas une, une vie banale et sans action dans un Mariupole post apocalyptique. C’est avec une extrême froideur et distance que Mantas Kvedaravičius film des paysages dévastés, des corps bafoués, des populations désespérées.
C’est un documentaire criant de vérité dont le long silence glaciale des missiles dénonce la réponse internationale face au cauchemar que vivent les ukrainiens.
Seulement il manque quelque chose, cette fin brutale ou l’on voit apparaître la photo du réalisateur en hommage nous laisse sans voix. Malgré le travail fantastique de l’équipe du film, on sent que le film aurait pu aller plus loin, que des concepts auraient pu être plus travaillé et que la disparition soudaine de Mantas Kvedaravičius a emporté à jamais la vision qu’il aurait eu du film et éventuellement le dénouement du conflit militaire. C’est principalement ma réserve face à ce film, d’une œuvre qui aurait pu réellement être une introspection dans la vie du conflit, on en ressort avec un film inachevé, criant de silence l’absence de Mantas Kvedaravičius et laissant apparaître comme coupable sans visage, lointain et déguisé sous des bruits de dévastation : l’armée Russe. Pour finalement laisser place au réel dénouement du documentaire: la mort du réalisateur.

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le 20 mai 2022

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