Avec « Where the Sidewalk Ends », Otto Preminger réuni à nouveau Dana Andrews et Gene Tierney dans un film noir, six années après l’excellent « Laura ». Il adapte le roman « Night Cry » de William Stuart et nous fait suivre Mark Dixon, un détective réputé brutal qui va devoir se retrouver dans une situation très délicate lorsqu’il tuera involontairement un suspect lors d’une affaire de meurtre et tombera amoureux de la fille de l’accusé…
Et six ans après Laura, c'est à nouveau une réussite venant de Preminger dans le film noir. Tous les éléments du genre sont parfaitement maîtrisés, sa mise en scène est superbe et on navigue entre fumées de cigarettes, vapeurs d'alcools, ruelles obscures et glauques et détectives. L'atmosphère est sombre, sublimée par un noir et blanc adéquat, et vraiment prenante.
Preminger braque sa caméra sur le personnage de Dixon, un flic qui contient difficilement sa violence, au point d'être rétrogradé. Lui-même fils de truands, il va se retrouver dans une terrible situation qu'il devra gérer. De plus en plus torturé, il tombera entre temps amoureux et le dilemme moral n'en sera que plus difficile à résoudre. Il rend ce personnage attachant à travers les choix qu'il devra faire et sa rencontre avec la fille du chauffeur. Mais c'est aussi à travers ce personnage qu'il rend l'atmosphère plus pesante voire étouffante.
Il s'appuie énormément sur le portrait psychologique de son personnage mais ne perd jamais de vu le scénario, très bien écrit, qui contient son lot de rebondissements sans tomber dans la surenchère ou la perte de crédibilité. Le suspense tient de bout en bout et l’ambiguïté est toujours présente au dessus du personnage de Dixon. Les autres personnages ne sont jamais inutiles et toujours intéressants.
La photo en noir et blanc est superbe et judicieusement utilisée, Preminger se rapproche parfois du style expressionnisme. Et puis, Dana Andrew EST Dixon. Avec son visage impassible, il incarne à merveille ce personnage. En face de lui, les autres interprétations sont impeccables, notamment la belle Gene Tierney.
Du grand cinéma. Une fois de plus Preminger fait preuve d'une parfaite maîtrise derrière la caméra pour nous livrer un portrait sombre et torturé dans une atmosphère qui l'est tout autant.