Marketa Lazarova répond moins du film que de la légende. Ses figures épiques, son souffle lyrique ne trouvent grâce que dans une transcendance qui survolent de bien haut les rivalités chevalières qui nous sont contées. Je prends pour preuve l'incroyable (mais vraiment) séquence de la vieille dame contant la malédiction de Straba, répudié du royaume des hommes et confiné à celui des loups, silhouettes d'ombre taillées dans la neige, récit mystique qui constitue d'après moi le paroxysme d'un film qui assoit une catharsis de l'anti-spectaculaire. Les mirages, les visions des personnages et de leur clan se substituent à leurs combats qui, réduits à leur plus simple expression, n'ont d'autre vertu que celle, narrative et secondaire, de la progression d'une intrigue qui ne les guide jamais autant que leur propres névroses et passions. Il ne faut pas aller à la rencontre de Marketa Lazarova avec l'espoir d'y trouver le grand film d'aventure où le sang rutilant se déverse sous une musique emphatique, c'est une oeuvre intimiste qui, sans jamais franchir la lisière avec le fantastique, en fait le fil sur lequel Vlacil, en funambule, déroule cette pellicule pleine de songe, d'amour et de mort.
Désolé d'en rester à cette non-critique qui ne dit finalement rien, mais je n'ai aucunement envie d'éclairer la brumeuse et merveilleuse confusion qui habite mon esprit encore quelques jours après ce visionnage et qui fait de ce film, l'air de rien, le premier qui correspond avec exactitude au pendant cinématographique de la légende contée, où le renfort de l'image n'est finalement que le prolongement de l'inconstance qui caractérise l'esprit humain et son imaginaire.