Citation de Tahar Ben Jelloun
Ça ne va pas forcément être évident de parler de ce "Mariage Story", car je ne connais rien du thème abordé (à 15 ans le divorce est limite quelque chose d’abstrait) et de son époque que je n'aie jamais connue. Je pars donc sans les bases solides en apparences nécessaires à l’appréhension de son intrigue. Et pourtant dès les premiers monologues qui servent à introduire les personnages et leur relation, je ne peux m'empêcher de tomber sous le charme de ce joli duo, et ce pour deux raisons: la première étant son sujet: le divorce, et plus généralement l'amour post mariage qui n'est que trop peu traité au cinéma et qui de ce fait laisse des possibilités infinis de traiter le sujet sans que cela soit redondant. C'est en partie pour cela que la relation entre Beth et Jerry Smith ("Rick et Morty") intéresse autant. Et la deuxième étant sa façon de voir ce même sujet, au lieu de voir le mariage comme le commencement de l'amour et le divorce sa fin, le film va nous proposer de plus le voir comme un prolongement étrange de l'amour. Et c'est ce parti pris qui va permettre entre autre le génie de l'écriture de ses personnages et l'évolution étrange qui en découd.
Bien sur il est impossible d'expliquer la réussite du film sans s'attarder longtemps sur ses personnages et plus généralement son duo discordant. Parce que oui, ça ne surprendra personne, Scarlett Johansson et Adam Driver jouent à la perfection, il est même intéressant de voir que Driver avec son jeu plus personnel, sincère mais perdu se démarque un peu plus que Johansson avec un jeu tout aussi sincère mais en même temps hypocrite par les méthodes peu scrupuleuses utilisées. On se retrouve donc avec deux personnages qui aiment gagner dans une descente aux enfers poétique face à la dureté du monde. Car oui contrairement à la vision du prolongement de l'amour, l'entourage aura pour habitude de prendre parti et d'attiser la haine ce qui va influencé partiellement la tournure des événement, même si nos protagonistes en son conscient, Nicole dira même "Arrêter, ce n'est pas un spectacle".
Ce mélange entre haine et passion provoqué par ce paisible et inévitable drame va commencer à se forger (Ce qui rend le titre de la critique de BestPanther 1000 fois mieux que n'importe laquelle de mes citations) notamment autour de leur fils pas réellement conscient de ce qui se passe entre ses parents qui va voir se dérouler une espèce de compétition malsaine pour savoir qui est le meilleur et qui a le meilleur mode de vie. En contradiction on retrouve la scène du procès qui permet à la guerre froide de se transformer en guerre totale, une scène plutôt lourde mais réellement intéressante quand à l'apogée de la colère des personnages, disons qu'elle est génialement lourde.
Pour finir je ne peux que vous conseiller le dialogue entre le couple après le procès et la tirade de Nicole lors de son premier rendez-vous avec l'avocate qui sont de réelles prouesses d'éloquence sublimée par le jeu impeccable de ses acteurs.
Je vois pas quoi réellement dire de plus, ce film est plus une ballade de vie qu'autre chose (un peu comme "un jour de pluie à New York" pour ceux qui s'en souviennent) il se vie plus qu'il ne se raconte.
Bref un drame familial orchestré avec brio disposant de solides bases en terme d'écriture qui sont sublimés par d'excellents acteurs, un coup de cœur que je recommande et un film que ne regrette pas d'avoir rattrapé.
L'important dans le divorce, c'est ce qui le suit.
Hervé Bazin