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Thérapie de couple. L'épouse refuse de lire une lettre décrivant ses sentiments pour son époux. Seul le spectateur y a accès. Le silence dans la pièce est cacophonique. Cette scène donne le ton. La séparation est inévitable.


Marriage story procure de la douceur alors même que son sujet, le divorce, est tout sauf agréable. Abordé à rebours des prestations dramatiques et conventionnelles -qui voient des époux se déchirer à travers de longues tirades éculées- ce film, réalisé comme une pièce de théâtre en quatre temps, répond à la checklist du « film indépendant ».


La peine causée par ce divorce est distillée de manière originale : les futurs ex-époux sont désorientés par leur complicité en chute libre, cette dernière constituant la colonne vertébrale de leur équilibre d’artistes obsédés par la recherche de l'apogée créative. Car il est également question de ça : Comment exister et s’épanouir individuellement dans un couple collaborant et évoluant artistiquement ensemble ?


De manière astucieuse, le désenchantement du couple est exploité en mobilisant la division spatiale conçue comme l’expression de la distance qui sépare les époux : Los Angeles pour la première, actrice ne se retrouvant plus dans une union où elle se sent absorbée par le génie du second, metteur en scène/grand éphèbe un peu cloche se rendant compte un peu tard de la plaie qui s’élargit lentement, mais surement.


Les états d’âmes des conjoints bercent le film et le spectateur. Leurs sentiments sont à l’honneur. Ce qui relève de « l’intime » est redéfini dans ce cadre. Ce champ passe ici par ce qui peut être considéré comme banal : la proximité est exacerbée dans l’interaction, la tendresse est exprimée par une complicité gauche.


Le divorce n’est pas leur monde. Ils n’ont pas les codes. Cet univers va se heurter à leur quotidien bohème. Par ailleurs, on appréciera la bouffonnerie des personnages secondaires, presque manchots, incarnant des stéréotypes loufoques : La mère et la sœur de l'actrice, toutes deux artistes, l’une fan inconditionnelle du gendre, l’autre, gouvernée par une anxiété attachante ; Les avocats des époux, la première, ultra-féminine et ultra-féministe toute de rose vêtue, le second, homme veule et tape à l’œil pour qui les honoraires encaissés sont la finalité d’une vie.


Ce qui blesse, dans ce film, c’est sa chute. Minute après minute, on sent le couple se déliter sans pour autant perdre l’affection partagée.


Le coup de génie est qu’on comprend. La narration lente nous permet d’observer la place prise par les problèmes de ces deux âmes jusqu’à irrémédiablement arriver à un point de non-retour. Le laps de temps, long, permet de se situer. C’est beau, ça parait authentique. Tout en considérant la complexité des relations amoureuses, la fin nous pousse à une réflexion irritante : Que serait-il advenu si elle avait accepté de lire cette fameuse lettre ?

Créée

le 3 janv. 2020

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