La rupture amoureuse est source de dissension. Avec l’autre, déjà. Avec soi-même, surtout. Rien n’importe plus que de savoir quelle est notre voie propre. L’autre ne peut nous fournir la moindre réponse, il n'a que faire de nous éconduire. Le processus de la rupture amoureuse ressemble à une partie d’échec. Les anciens amants jouent patiemment, s'analysent mutuellement, cherchent à anticiper ce que l’autre risque de faire. Il s'agit de ne pas perdre, pour ne pas se laisser abattre. Lutte sans vainqueur, sournoise, corrodant les derniers vestiges de ce qui fut, autrefois, un bonheur immense. Les phénomènes d’attractions et de répulsions se multiplient et se répètent sans cesse, jusqu'au déchirement. Chaque interaction ne dévoile d'autre but que de conduire l’autre là où nous voulons qu’il aille. Une rupture, en fin de compte, c'est bien moche. Et c'est en en premier lieu ce que ce film, magistral, nous révèle. Mais il n'y a pas que ça, bien sûr, et dès les premières scènes, l'amour entre ces deux personnages, incarnés par des acteurs grandioses, est rendu palpable avec finesse et éloquence. Et tout le film, dans un fracas constant, parvient à maintenir cette ambivalence, ce paradoxe que fait éclater la rupture : l'amour couvre une propension à haïr, que la haine, justement, la distance, le ressentiment ne saurait pourtant péricliter. Ce film est un film d'amour, où les larmes, les mots et les cris s'entrechoquent dans une violence inouïe, sans pourtant nullement altérer la douceur et la beauté des sentiments qui habitent et animent les regards que ces deux personnages se portent l'un à l'autre. Peint avec un réalisme aigu, ce film est d'un humanisme profond, suscitant une tristesse exquise. Marriage story dépeint les affres d'un divorce où aucun des deux personnages ne parvient à mener sa barque correctement, perdant de vue, dans un conflit juridique où tous les coups sont permis, l'enjeu majeur de leur divorce : l'équilibre et le bien-être de leur enfant. L'amour-propre