Le réalisateur de Batman n'est pas du genre à caresser les Américains et leurs valeurs dans le sens du poil. Ses Martiens aux tronches incroyables dégomment tout sur leur passage et ne respectent rien : politiciens, milliardaires, journalistes, patriotes, pacifistes, militaires, scientifiques, ploucs du Texas... tout le monde passe à la moulinette burtonienne qui croque avec férocité ces figures archétypales dans un délire visuel rarement atteint et surtout sauvagement hilarant. L'univers de Tim Burton ne m'a pas toujours attiré, mais là je suis preneur, il installe une ambiance comme il les aime, avec cette farce au ton kitsch qui se veut avant tout une parodie des vieux films de science-fiction à l'ancienne, le mythe de l'invasion martienne étant carrément dépoussiéré avec vigueur (l'aspect physique des Martiens étant inspiré de cartes à collectionner en vogue dans les années 60 et dont Burton s'est souvenu). C'est donc la pagaille en Amérique dont les travers sont habilement stigmatisés ; pour étayer son propos, Burton utilise un casting de stars déchaînées qui dynamitent allègrement leur image (Nicholson et Brosnan étant parmi les plus drôles), et pêche aussi peut-être par un côté excessif.