Express, c'est le mot

Certains sont tombés amoureux du style épuré de Jérémy Perin et de la qualité de ses animations avec le clip fascinant et cauchemardesque de "Fantasy", pour le groupe Dye.

https://www.youtube.com/watch?v=s4xhqpAUVCQ (NSFW, 18+)

Mais j'imagine que la plupart d'entre nous sommes tombés dedans avec Lastman, son oeuvre majeure, dont je ne vais pas refaire la critique ici, même si c'est singulièrement tentant. Disons que si vous avez découvert le bonhomme avec Mars Express et avez une once de curiosité pour ce qu'il a fait avant, regardez Lastman, et vous me remercierez après.

Mars Express reprend beaucoup des qualités que l'on connait à l'oeuvre de JP :

■ Un style graphique épuré, toujours parfaitement lisible et immédiatement, reconnaissable. Ca ne met pas tout le monde d'accord, mais après une petite overdose d'animation Jap, c'est un vrai bol d'air frais.

■ Une animation toute aussi propre et incroyablement dynamique.

■ Une approche naturaliste des dialogues, avec des conversations qui sonnent juste et des acteurs qui n'ont pas l'air de lire leur texte ou de réciter des tirades de théâtre comme dans 90% des productions françaises. Encore une fois, ce n'est pas du goût de tout le monde, mais ça m'avait déjà beaucoup plu sur Lastman.

■ Un rythme soutenu, avec une intrigue qui démarre à 200 à l'heure et ne relâchera jamais l'accélérateur. Et... c'est là que Mars Express se plante un peu.

o o o

Ce qui m'avait le plus emballé dans Lastman, c'était son sens du rythme et de sa capacité à aller droit à l'essentiel, sans aucun remplissage. Il se passait plus de choses dans l'un de ses épisodes de 10 minutes que dans les 45 minutes de la plupart des productions Netflix. Mais pour autant, tout y était clair, et les enjeux limpides.

Mars Express n'est pas là pour enfiler des perles, il enchaîne les rebondissements sans aucune scène d'exposition, suppose à tort que tout le monde maîtrise parfaitement les concepts des classiques de la SF et a lu de l'Asimov ou du Gibson. J'ai vu le film avec quelqu'un qui ne savait pas ce qu'étaient les lois de la robotique, et si je n'avais pas pris le temps de lui expliquer rapidement de quoi il était question, le reste du film n'aurait eu aucun putain de sens.

Alors que Lastman élaguait intelligemment en se passant d'intrigues secondaires bidon ou de scènes de remplissage, Mars Express prend des raccourcis discutables et ne vous laisse jamais le temps de digérer les révélations qu'il vous assène en une phrase et demi. Vous êtes déjà dans la scène suivante, au milieu d'une course poursuite et ça explose dans tous les sens alors que vous êtes encore en train de recoller les morceaux de la scène d'avant. Je grossis un peu le trait, mais c'est l'idée.

Et c'est dommage, car s'il avait pris 30 minutes de plus pour reprendre son souffle et arrêter de courir le marathon du film d'animation le plus dense, on tenait un petit bijou de SF, produit en France, COCORICO mother fuckers!

En l'état, ça reste une chouette histoire de SF, bourrée de références Cyberpunk qui ne pouvaient que me ravir, et si je lui en veux d'avoir laissé sur le bas-côté quelques profanes à qui j'aurais adoré recommander le film, je le reverrai sûrement avec plaisir.