La fronde après nous
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le 12 déc. 2023
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Dans un futur sombre où les robots sont omniprésents, un humanoïde commet un crime atroce. Nous allons tenter ensemble, si vous le voulez, de faire l'enquête et de voir qui ou quel groupe a manipulé le robot criminel.
Vaste programme d'autant plus que rien n'est simple, a fortiori pour un pékin comme moi qui ne maîtrise pas les règles de la SF supposées connues depuis les années 80, donc depuis l'école primaire. D'ailleurs on ne dit pas « dans un futur sombre», on dit dans une dystopie! sinon retourne jouer au freecell, comme Paul Claudel (c'est juste pour la rime). Donc c'est la détective badass Aline Ruby, dont la voix est celle de Léa Drucker (!) que l'on va suivre, à moins que l'héroïne ne soit la rebelle brune aux cheveux longs accompagnée par son androïde, celle qui sera arrêtée par Aline Ruby aidée de son androïde, appelé ni Smith ni Wesson mais Carlos Rivera. Il faut accepter dès le départ que sur Noctis, tout être humain doit être accompagné non pas par un partenaire ou un animal de compagnie mais par un androïde. Si vous ne comprenez pas ça vous pouvez continuer mais on ne peut pas grand chose pour vous. Les fausses pistes vont alors défiler et le scénario va se complexifier en puisant dans un peu trop de références abstraites du genre et enchaîner les retournements de situation proportionnellement au manque de compréhension qui va m'obliger désormais à tout mettre au conditionnel. L'enquête semble se diriger vers des rebelles qui dessoudent les circuits des robots, des terroristes complotistes mais dont on ne connaîtra ni les visages ni les motivations.
Mais la détective Aline Ruby,dont la voix est celle de Léa Drucker (!!) et son partenaire Carlos Rivera, qui, je le confirme est un androïde d'ancienne génération, en dépit de son nom et de son apparence, pensent plutôt à une chercheuse en IA d'origine asiatique disparue sans laisser de traces, qui détient un lourd secret qui met en danger la planète et qui va se révéler la suspecte idéale. Mais une des coupables est en fait le réplicant, le clone androïde de la chercheuse, qui a enfreint la règle qui interdit de fabriquer un androïde à sa propre apparence, ce qui bien sûr empêcherait les innombrables contrôles musclés des forces de sécurité agissant pour le bien de tous. Des tueurs humanoïdes cyber augmentés vont eux aussi se lancer à la poursuite de la chercheuse. C'est l'occasion de déplorer l'emploi répété d'un jargon technique qui laisse l'impression que des ingénieurs informaticiens ont élaboré une partie de l'histoire pour combler les baisses de régime. Suite à une mise à jour logicielle en effet la plupart des robots ont été rebootés à distance et ont subi un take-over par une mystérieuse puissance opaque qu'il s'agira de démasquer. Il s'ensuit une révolte des humanoïdes car (cf les références) dans toute dystopie les robots doivent se révolter à un moment ou un autre contre les humains. Revoici la rebelle brune du début et on comprend avec elle que celui qui tire les ficelles des cybercriminels serait en fait le type avec la voix de Mathieu Amalric, le Marionnettiste de la cité Noctis, un mec plutôt chelou à la tête de la police politique, secondé par une IA en forme de mollusque céphalopode gigantesque évoluant en milieu aqueux. Une des pistes du complot serait la volonté des autorités de Noctis de remplacer les androïdes métalliques à la puce trop facilement déssoudable par des IA en forme de mollusques, et de ce fait plus sécurisés, contrôlables et malléables.
Le take-over semble réussir et les androïdes vont se diriger tels des moutons électriques (référence) vers un vaisseau spatial qui embarquerait vers ailleurs, pour être désinvestis et déconstruits. On peut voir Carlos Rivera qui lui-même suit le mouvement en pleurs (pourquoi alors qu'il est invincible ?) et un écran noir apparaît sur l'écran. Carlos Rivera aurait donc réussi à mettre en échec le Marionettiste et à rebooter tout le système, et le lourd secret va nous être bientôt dévoilé… Ah mais non, c'est déjà la fin du film puisque c'est le générique qui défile.
Difficile de faire une conclusion sur un film doté d'une animation pas trop rapide pour une fois, rempli de nombreuses bonnes idées mais alourdi par trop de codes propres à la SF cyberpunk que je ne maîtrise pas tous il est vrai. Les nombreuses pistes abordées sont trop vite abandonnées et la faible durée du film laisse l'impression que c'est du low cost qui reste au stade des intentions. La voix posée de Léa Drucker ne correspond pas du tout à la violence de l'héroïne, et le film, trop violent, ne convient pas aux enfants qui de toutes façons n'y comprendront rien. Et pour la note il m'est bien difficile de noter. J'avais envie de bien noter parce que c'est de la SF française et qu'il faut l'encourager. Mais la référence un peu trop voyante au manga Ghost in the Shell ou à Blade Runner m'ont fait revoir ma notation. Et, outre la fin qui m'a laissé en plan, j'étais déçu de voir de l'animation là où je pensais voir un vrai film de SF français et où je savourais à l'avance à l'idée de voir des décors originaux avec Léa Drucker en héroïne badass tirant sur les robots tueurs. Pris par mes nombreuses lectures, je n'avais pas vu sur mon fanzine qu'il était écrit au début et en petit « film d'animation ». D'où le danger de faire de la lecture de masse express.
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Créée
le 24 nov. 2023
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