Martin
Martin

Film de A.P. Arjun (2024)

Alors, je vais pas dire que je l’attendais de pied ferme celui-là, mais j’étais quand même sacrément curieux. La première bande annonce nous avait invité à un festoche de testostérone qui s’annonçait totalement indécent, tandis que les derniers trailers avait confirmé que ça allait être bien nul. Et c’est, à la fois et dans un même élan décomplexé, absolument nullissime et d’une indécence totale. Martin, c’est l’histoire inutilement emberlificotée d’un gros balèze du Karnataka, parti exécuter un contrat au Pakistan et qui se réveille dans un hosto high tech d’Islamabad, totalement amnésique. La première heure est consacrée à la déambulation de ce monstre, hagard parce que défoncé de tranquillisants qui l’ont rendus enragé (eh oui), d’une prison pakistanaise dont il s’évade aux rues de Mumbai. Il se passera plein de choses ensuite, des twists à gogo, une poursuite en voiture, des motos, des chansons et beaucoup de bagarre mais le spectateur qui tient à ses neurones lâchera progressivement l’affaire pour se contenter de regarder passer sous son nez un spectacle visuellement dégueulasse que seule la turbovulgarité totale du projet permet de rendre – tout juste – acceptable.

Il y a, il faut le reconnaitre, une décontraction totale et une absence radicale de scrupule dans Martin qui le rendrait presque tolérable, ou du moins distrayant, en tout cas amusant. Les chansons sont atroces, mais cet espèce de rap consacré au gros morceau de viande qui tient le premier rôle, avec des paroles aussi fines que « Même Hitler claque son beignet devant lui », alors qu’ondulent dans le cadre une douzaine de zouzes en maillots de bain et mitrailleuses dans les bras laisse sans voix… Pompant Laibach (eh oui, on peut pas dire que le film ne regorge pas de surprises) dans une ambiance Corée du Nord distopicolyrique pour glisser sur un cosplay d’Elvis Presley en dansant le Gangnam style avec des zouzes en culottes de peau bavaroises pour rebondir sur une ambiance disco post apo où gros flingues, maillots de bain et perruque rigolotte créent une féérie portninwak aussi inattendue qu'atroce pour les sens. On peine à profiter des paroles et des images puisque le rythme de tout ça n’a pas plus pitié du spectateur que les graphistes qui torchent le boulot comme si tous les sfx du film avaient été bâclés fun vendredi soir vers 17h30 par des types pressés d’aller au bar. Bien qu’on nous serve des images absolument dégueulasses pendant 2h, rien ne pouvait nous préparer au climax repoussant les limites du ridicule et de l’inacceptable. On restera cependant fasciné devant ces tentatives éhontées de refaire grossièrement les plans iconiques de Mad Max Fury Road version on s’en tape les grosses coucougnettes comme si c’étaient des maracas et on les secoue sous le nez du spectateur, bouche bée, établissant là un nouveau standard en matière de foutage de gueule et de consternation. Et c’est un peu dommage que ça soit si nul, parce que le gros hippopotame stéroïdé qui cabotine - il faut le voir quand ils le déguisent en beau gosse, je crois que c’est encore moins crédible que les doublures numériques niveau storyboard/previz qui grouillent constamment dans le film – et qui s’appelle Dhruva Sarja est assez impressionnant. C’est d’autant plus dommage que le film, qui semble avoir été intégralement réalisé sur un ordinateur et monté comme une bande annonce hystérique de 2h20 (t’es épuisé au bout de 5 minutes, il en reste 135…) démarre sur une bagarre en taule qui aurait pu être franchement amusante. Pensez donc, face au gros boudiné deux zigotos encore plus testostéronés, un type aux proportions délirantes, on dirait une sorte de nain de 2m30 dans lequel on aurait coulé un tuyau pour le gonfler de l’intérieur (oui c’est bizarre, mais à l’écran c’est assez impressionnant faut le reconnaitre) et surtout, surprise là encore ! On retrouve face à Sarja notre bon vieux Nathan – Rictus Erectus – Jones, visiblement dans tous les mauvais coups en ce moment ! Autour d'eux, des centaines de barbus en combis orange vocifèrent contre les 3 mammouths. Ca aurait dû être bien ! Mais l'incompétence généralisée des forces en présence ruine tout lamentablement,

Bon, on fermera pudiquement les yeux sur la mise en place ultra douteuse, au nationalisme délirant et si caricatural qu’on pense, à un moment, être dans une version indienne de Hot Shots. Les deux heures et des patates dans la gueule qui suivent ne tiendront que par la curiosité douteuse d’un spectateur consterné. Et, d’une certaine manière, dans cette décontraction totale, il y a une certaine légèreté qui fait que, au final, ça a beau être super nul et totalement indéfendable, j’ai passé un meilleur moment que devant d’autres spectacles ultravirils récents, plombés par un ton sentencieux horripilant. Je pense par exemple à cette grosse baudruche de Salaar qui, si l’on écarte une séquence absolument merveilleuse, est aussi débile, mais nettement plus chiant. Bien sûr, techniquement le film de Prashanth Neel, c’est presque Lawrence D’Arabie à côté, mais la dimension sale gosse de 8 ans qui gère mal sa première prise de kétamine a ici quelque chose d’assez fun. Clairement c'est fatiguant et ça fait trop de bruit, mais le film t'emmène en voyage, on peut pas dire autre chose. Alors, est-ce que je materai la suite, où, en lieu et place de ce gros hippo on nous promet un gros « Rhino », misère j’ai bien peur que oui…

Pour finir, un détail totalement Over the fuck, le gros tas de steaks est habillé n’importe comment et est notamment affublé, deux fois dans le film, de vestes à patchs « punks ». Et généralement, ces trucs sont souvent bricolés avec du matos de chez H&M et sont ridicules. Sauf que là, le gros morceau de bidoche trimbale des patchs d’Exploited (!), Napalm Death (!!), Bolt Thrower (!!!), Conflict (!!!!), Discharge (!!!!!), Rudimentary Peni (!!!!!!), Dropdead (!!!!!!!) et, entre autre, de Severed Head of States (:V). Honnêtement, le mec aurait un backpatch cousu de Primtiv Bunko que j'aurais pas été plus étonné ! 😮

MelvinZed
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le 23 nov. 2024

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