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Après de très nombreuses critiques (parfois à raison) envers son versant blockbuster via les Amazing Spider-Man, Marc Webb revient à ses premiers amours : des récits dramatiques où l’humain est prédominant, et les sentiments qui l’accompagnent aussi. Bien que la part dramatique de son cinéma se soit quelque peu effacée derrière le vernis du film de super-héros, le réalisateur était malgré tout parvenu à faire de très belles choses avec le second volet. Outre sa mise en scène – il faut le rappeler – dix fois supérieure à celle du récent et désastreux Homecoming, Marc Webb avait réussi a créer une vraie relation d’amour déchu entre Emma Stone et Andrew Garfield ; le pinacle de cela se situant dans une sublime scène de sauvetage. Avec Mary, récit d’une jeune surdouée que Chris Evans essaie difficilement d’élever, on pourrait penser que le réalisateur ne se donne pas un véritable challenge vis-à-vis d’un sujet déjà vu au cinéma et souvent balayé par les bons sentiments et les facilités. Ne vous détrompez pas, Mary est rempli de ces bons sentiments, mais il ressort du lot par la facilité avec laquelle Webb nous présente tout cela à l’écran.
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Récit assez classique au départ, tout dérape quand la grand-mère, grande mathématicienne, déclenche un procès pour obtenir la garde de l’enfant qui doit, à ses yeux, développer toutes ses capacités. On se questionne vite, lors du procès, sur la validité de ce combat, et sur les véritables motivations de cette dernière qui compte bien faire suivre à sa petite fille le chemin que sa mère suivait aussi. La question s’élargit donc un peu plus : un enfant destiné à la grandeur doit-il nécessairement suivre le chemin qui lui est tracé ? Dans une Amérique où chacun doit aller au bout de ses capacités (et que même Captain America promeut dans le dernier Spider-Man), Mary prend le parti inverse, de nous faire croire qu’on peut mettre à profit ses capacités sans pour autant perdre pied avec la réalité. Plus loin que la gloire, il y a la croyance en ce qu’on est.
Récit d’apprentissage, d’humilité mais aussi d’amour, Marc Webb parvient toujours à faire mouche dans ce film où les pleurs sont bien réels, mais les rires également. La symbiose totale entre la jeune fille et son oncle est telle qu’on ne peut jamais la remettre en question. Et si l’esthétique est typique du film indépendant américain, avec ses couchers de soleil et ses teintes sépia, on ne peut pas y voir autre chose qu’un vrai film de cinéma, grand public et adapté à tous, qui ne manquera pas de faire mouche durant le festival cette année.