Souvent mal accueilli pour avoir relancé l’homme araignée sur grand écran dans « The Amazing Spider-Man », l’Américain Marc Webb a erré dans la réalisation sur petit écran avant de revenir vers « Mary ». Pourtant, il a su mettre en place tout un univers maitrisé, malgré des moments d’égarement, tout en proposant du neuf, allant même jusqu’à dévier les codes les plus connus afin de prendre à contre-pied le grand public. Ce fut le cas avec « (500) Jours Ensemble » et c’est de nouveau d’actualité dans ce drame familial, riche en émotions. A la mort de sa mère, la jeune Mary vit avec son oncle, dont sa seule préoccupation est d’offrir le bonheur à sa nièce.
Loin du costume et du bouclier, Chris Evans incarne un Franck Adler touchant et simple. Plein de vie malgré l’apparence d’une personne apaisée, il ne rouille jamais et ne semble pas relâcher sa pression non plus. Il assume l’entière responsabilité de Mary (Mckenna Grace), magistrale dans une prestation bluffante et comique. Surdouée, elle reste une enfant sensible dont on souhaite le meilleur avenir possible. Voilà sur quoi le récit nous emmène et nous questionne tout du long. Le cadre maternel est manquant et on nous le rappelle suffisamment. Cependant, jamais on ne doute de la véracité d’une complicité sincère. Mais l’honnêteté est aveugle et si cela fonctionne, il ne s’agit que d’un rêve éphémère. L’idée d’émancipation est de rigueur alors que ce don de la nature déborde d’énergie. Son potentiel reste alors à exploiter, mais Franck fait le choix de lui proposer sociabilité, tranquillité et maturité dans un environnement sain et propre à une éducation commune.
Vient alors une grand-mère vorace, mais qui possède également son lot de nuances. Evelyn (Lindsay Duncan) arrive avec des bagages moralisateurs mais qui auront au moins le mérite de secouer la sensibilité d’une relation presque parfaite. Le ton manichéen résonne ensuite dans la trame et rend prévisible plusieurs séquences néanmoins efficaces. Doit-on pouvoir ou devoir imposer ses compétences fortes dans sa vie ? Est-ce un choix à faire pour soi ou pour ceux qui nous entourent ? Tant de pistes sont présentes afin d’orienter notre approche à une bonne éducation, chose que tout parent ou autre cherchera à acquérir malgré les embuches.
Pas aussi fort que le prestigieux « Kramer contre Kramer », le quatrième long-métrage de Webb reste une machine efficace, à l’image de la jeune « Mary », aussi intelligente soit-elle, elle possède des faiblesses qu’elle confine admirablement. Les éloges se multiplient et se tiraille entre la raison et la notion du bonheur. Au terme de cette divergence de point de vue, on évite grandement le pathos et on détourne nos regarde vers la plus sage complicité qui puisse exister en ce monde. Les liens les plus forts entre deux personnes sont régis par un amour, un amour familial que l’on adopte par le respect mutuel. Sans pouvoir y mettre un grain dans le jugement, nous nous contentons d’observer soigneusement l’évolution d’une fillette en quête de reconnaissance, qu’importe les apparences, pourvu qu’elle y trouve son foyer.