Le thème de la religion revient régulièrement dans la filmographie de Ferrara, se considérant comme un croyant ayant perdu la foi, il décide d'aborder le sujet de la religion et la foi en Dieu dans un film moins choc que Bad lieutenant.

Mary apparaît comme une sorte de thèse développée, l'histoire n'est présente que pour servir la rhétorique et les idées qu'elle défend comme The Addiction. C'est une méthode que j'apprécie chez Ferrara mais qui n'est pas toujours très efficace.

Le film ne manque pas d'audace, Ferrara se réfère aux évangiles apocryphes pour peindre le portrait de Marie Madeleine, non en tant que prostituée mais en tant que disciple et partenaire de Jésus. Le film apparaît comme une critique de la religion avec des sous entendus sur la misogynie des apôtres, une remise en question des évangiles, etc... Pourtant, il s'éloigne rapidement de cette critique relativement facile pour s'intéresser non à la religion en elle-même mais au rôle de la foi et du sacré.

Comment perd-on ou gagne t-on la foi que ce soit en Dieu ou en tout autre chose ? Que ce soit la foi en un Dieu ou en son métier d'acteur (au point d'être bloqué dans le rôle que joue l'acteur), Ferrara défend l'idée de la foi comme une nécessité. Mais la foi n'est pas forcément religieuse et est personnelle, la vision de la foi en Dieu est différente en fonction de chaque personne. Le thème du sacré y est seulement effleuré avec l'interview du cinéaste par Withaker : L'image de Jésus qui est sacré et qui représente l'amour peut elle être critiquée de cette manière ? Le dialogue aurait mérité d'explorer plus profondément ce thème.

Le problème du film est qu'il pose énormément de questions intéressantes sans jamais y répondre, il ne fait qu'entamer des débuts de réflexions grâce aux dialogues mais ne va jamais jusqu'au bout de la logique (ce que faisait The addiction). Tout comme l'idée de rédemption et de punition qui ont été sous exploitées mais proposant encore des pistes intéressantes.

En le visionnant, on pense tout de suite à « La dernière tentation du christ » de Scorsese qui est cité mais le film à ici le mérite de s'éloigner d'une critique des évènements majeurs du Christianisme pour tenter de faire une critique de la foi et du spirituel. New york reste toujours sa ville de prédilection, en étant présentée comme une ville menaçante et cosmopolite où toutes les religions se côtoient. Au final, pas besoin de partir en Palestine pour trouver toute la misère du monde, les rues de New York font l'affaire.

Finalement, ce manque de profondeur m'a pas mal frustré et n'as pas été aidé par les images du conflit Israélo-palestinien qui sont censé réveillé la foi en l'Humanité que ressent juliette Binoche.

Même si ce film m'a un peu déçu sur la profondeur, Ferrara reste un de mes réalisateurs préféré. J'apprécie tout de même cette manière de réaliser viscérale et spontanée qui ont forgé sa réputation. Sa maîtrise de la caméra et de la lumière est impressionnante, et cette manière de représenter New York comme facteur de destruction pour les protagonistes de ses films me subjugue toujours autant.
CREAM
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le 30 mai 2011

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