Douleur enjouée
Je n'ai pas réussi à mieux traduire mon ressenti que par ce titre aussi paradoxal que bref. Mary & Max use d'un registre la plupart du temps très léger pour traiter de sujets profonds et...
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le 18 août 2011
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Mary et Max est le meilleur film d’animation de l’histoire je pense, et je pourrais affirmer ça de manière presque objective.
Shrek 4 et Cars 2, qui sont mes préférés vont bientôt être détrônés par le premier et (pour le moment) dernier long métrage d’Adam Elliot. Quel magnifique film, c’est bluffant, splendide. Ça n’a rien à voir à un classique film d’animation, non, c’est un film pouvant être considéré comme étant une comédie dramatique satirique et subversive. L’histoire est très profonde, parfaitement construit sur le fond et la forme, de belles images avec cette technique de stop motion et ses personnages en pâte à modeler. Deux personnages principaux charismatiques et très très intéressants, d’un côté Max, un juif de 44 ans, qui vit à New York, il est atteint de la maladie de l’asperger, il pèse 159 kilos alors qu’il ne fait qu’un mètre 84. De l’autre côté se trouve une petite australienne de 8 ans, malheureuse étant donné qu’elle entourée de parents mal aimants, de camarades qui la persécute, et que son style et son apparence ne l’aident en rien.
Mary et Max est peut être le film le plus triste de tous les temps, certain ne vont pas s’en remettre.
[spoiler]
Un film qu’il faut bien traiter : Bien lire entre les lignes. Il est excellent à déchiffrer et à l’heure où j’écris je l’étudie encore.
Des dialogues merveilleux, qui rendent l’histoire encore plus mouvementée, un narrateur parfait qui nous raconte parfaitement les situations. Des voix originales et françaises qui rendent l’œuvre plus parfaite.
Le film étudie de manière apocalyptique sous un angle enfantin de temps à autres le problème de la solitude, des dérèglements au sein de familles, et des traits psychologiques qui affectent la personnalité de certaines personnes.
Le genre enfantin introduit, qui est malgré tout destiné aux majeurs, est assez marrant à voir pour ces majeurs, car lorsque l’on affirme le fait que les bébés sortent des chopes de bière, les adultes ne peuvent omettre de faire la comparaison entre la réalité, lorsque les enfants naissent suite à une relation sexuelle, et le fait que l’on affirme qu’ils sortent de ces chopes, ou encore de cannettes de coca. Les relations sexuelles sont donc décrites comme étant le pur fruit de la société de consommation, incompréhensibles pour les petites personnes (Mary qui a 8 ans), et les déficients mentaux (comme Max interné dans le passé).
Le long métrage nous donne l’impression que les personnages sont en permanence au bord du décès, et que la dépression ne les fait que patienter, patienter en attente de l’instant crucial. Car derrière cette histoire de correspondance entre Mary et Max, se cachent de nombreux autres personnages en permanence au bord de la crise : Le père de Max, la mère de Max, le père de Mary, la mère de Mary, le coq de Mary, son institutrice, son grand père etc... et l’histoire va même concerner le clochard qui vit en bas de chez Max.
On étudie les origines de la pathologie de Max, même si elles ne sont pas définies explicitement : Est ce le fait que son père les aient laissés (lui et sa mère) à sa naissance, le fait que sa mère se soit suicidée dans un kibboutz avec une arme de poing lorsqu’il avait 6 ans, les nombreuses victimes d’agressions antisémites qu’il a subi, ses différents emplois qui le rabaissent au niveau d’une machine (il occupait la fonction d’un distributeur, d’un robot nettoyeur ou encore celui d’un soldat robot impuissant qui fait les comptes de l’armée américaine).
L’aigreur est au centre du film, il ne concernait que les personnes âgées, mais pas trop vieilles néanmoins. Les enfants, les déficients, les vieux, les pauvres et les animaux seraient les victimes de l’aigreur des adultes.
A un moment Max gagne une grosse somme au loto, c’est le seul instant où l’on évoque explicitement la question de l’argent. Grâce à cet argent Max va pouvoir réaliser deux de ses trois objectifs, posséder une collection entières de figurines d’une série télévisée (les noblets), et posséder une quantité de chocolat incalculable. Le dernier était d’avoir un ami. L’argent est donc évoqué de manière méliorative, mais Max va faire un cadeau d’une énorme somme à sa voisine aveugle, elle va donc se permettre de faire des sports extrêmes qui vont la tuer peu de temps après. A sa mort, elle légua tout le reste de l’argent à un foyer pour animaux abandonnés, mais cet argent fut détourné, ce qui nous confronte à la réalité de la corruption.
La question du sexe et de la beauté est mis en avant, et est décrit à la fois de manière romantique et chaleureuse mais aussi à la fois de manière ignoble et transgressive. Mary, moche aimerait avoir un copain, et économise beaucoup d’argent (un autre intéressant mais rare moment où on étudie cet argent) pour pouvoir se refaire faire certaines parties du corps. Le sexe est décrit comme étant le fruit de la société de consommation, alors que l’amour, lui serait pur et permettrait de relier deux personnes faibles ou caractérisées par un dysfonctionnement.
L’homosexualité est évoqué et permet d’ouvrir les esprits.
Dans l’œuvre il n’y a aucune possibilité aux jeunes de comprendre les relations sexuelles, Max est jeune mentalement, ce qui est marrant à voir, puisque cela nous offre des tons comiques de temps à autres. Mary finit par être enceinte à la fin du film à l’âge de 30 ans à peu près, et à un bel enfant. Elle tenta de se suicider alors qu’il n’était qu'a l’état d’embryon, ce qui met en scène un parallélisme entre vie et mort.
La question de la société de consommation est présente dans Mary et Max, notamment de ses abus, et montre comment elle sauve et ravage des humains par milliers : Max mange constamment et consomme en permanence des hots dogs au chocolat, mais cette consommation par voie orale lui est nécessaire et le permet de s’en sortir, même si cela le rend obèse. La télé le soutient également. D’autre part il est forcé à consommer en allant chez le psychiatre, lui qui est atteint d’une pathologie mentale, de même il va être logé, nourri, blanchi dans un institut psychiatrique.
Mary n’est pas en surpoids mais va devenir alcoolique à l’âge de 25 ans a peu près, lorsqu’elle va se disputer par correspondance avec Max. L’assimilation de nourriture ou d’alcool serait la suite logique d’un moment frustrant.
Dans le long métrage les personnages sont exploités dans le domaine du travail, dans le but de développer cette société.
Les relations amicales sont complexes dans ce film, elles peuvent se manifester sous plusieurs formes toutes aussi excentriques les unes que les autres. La relation amicale mais professionnalisée entre Max et son psychiatre le docteur Hazeloff, entre Max et monsieur « je ne sais quoi » une personne invisible qui vit dans son salon que Max inventa, ou encore entre Max et Mary par correspondance. La différence peut rendre des personnes proches, tel est le message de Mary et Max
Les morts dans l’œuvre sont incroyables, et sont toutes dues à une faiblesse décrite comme étant pathétique, les voici :
Le grand père de Mary mourut d’une pneumonie, par son stupide objectif de parvenir à se baigner dans des eaux glaciales.
La mère de Mary est morte en buvant par accident une bouteille (d’on ne sait quoi) toxique, elle étant alcoolique, se trompa de bouteille, elle mourut intoxiquée.
Le père de Mary, enfin à la retraite, préféra continuer de faire diverses activités qui pouvaient lui rapporter de l’argent, plutôt que de passer du temps avec sa famille. Il se noya en ratissant les bords de mer avec sa machine, une vague l’emporta.
La voisine de Max, mourut comme je l’ai dit tout à l’heure, en faisant des sports extrêmes qui coûtaient chers et qu’elle avait pu se payer grâce à l’argent de Max.
Max mourut le jour où Mary arriva à la fin du film, il n’eut donc jamais l’occasion de voir sa seule amie. Une fin éblouissante mais troublante.
[/spoiler]
Bref magnifique film d’animation. Chapeau à Adam Eliott un génie.
Je le déconseille aux moins de 10 ans. 5/5
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Créée
le 1 nov. 2018
Critique lue 233 fois
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