Surcote d'Azur
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le 29 mai 2022
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Nicolas Bedos est une figure complexe du paysage médiatique français, en témoigne ses nombreuses prises de positions façon coup de gueule et les controverses qui en découlent. Je n'ai jamais réussi à me positionner quant à ces opinions préférant me concentrer sur le cinéaste et de ce point de vue là je dois dire n'avoir jamais été déçu. Nicolas Bedos incarne pour moi un certain renouveau de la comédie dramatique française proche du théâtre puisqu'étant dramaturge à la base et qui pourrait lorgner vers un côté semi-hollywoodien. Monsieur et Madame Adelman et La Belle Epoque font pour moi partie des meilleurs films français de ces 5 dernières années, j'étais donc impatient de découvrir vers où allait se diriger le fils Bedos pour son nouveau film après une parenthèse comédie pure avec OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire dont je suis sorti rassuré de voir que l'esprit de Michel Hazanavicius à été conservé.
Au revoir donc la vie parisienne des 2 films susnomés et bonjour la mondanité de la Côte d'Azur. Le film se concentre sur un quatuor de personnages. Tout d'abord Adrien, ancien danseur et romancier en devenir amoureux de femmes plus âgées (Pierre Niney qui pour moi incarne un de ses meilleurs rôles ce qui est clairement un compliment). Martha (Interprétée non sans auto-dérision par Isabelle Adjani), actrice désuete imbue de sa personne et désireuse de retrouver sa gloire d'antan tout en entretenant une relation avec Adrien. Ce dernier va vite se rendre compte de son statut de faire valoir et va donc faire la rencontre de Margot (Marine Vacth, probablement la meilleure performance de ce film), jeune femme au passé douteux et manipulatrice. Les deux vont alors vite entrer en relation et vont concocter un plan, une mascarade sous fond de faux couples en incluant Martha et Simon, un agent immobilier de la région (François Cluzet qui n'est plus à présenter) dans le but d'accéder à leur richesse. D’une certaine manière cela prend des allures de double complot qui m’a instinctivement fait penser à Park Chan-Wook et son Mademoiselle mais dans des contextes bien évidemment très différents.
Le film est donc une satire sur cette richesse qu’elle soit déjà acquise (Martha et Simon) ou désireuse d’être acquise (Adrien et Margot) en explorant donc la thématique de la célébrité allant parfois à la débauche. Le film en lui-même est plaisant à suivre. Nicolas Bedos nous offrant ainsi une belle cinématographie avec de beaux plans qui nous donnant instinctivement envie de nous retrouver sur la Côte d’Azur. L’intrigue est également bien ficelée et bien amenée, assez pour nous tenir en haleine durant les 2h14 que dure le long métrage. Avec ses très bonnes performances d’acteurs qu’on ne présente plus (à part peut-être Marine Vacth pour les non initiés à François Ozon) nous sommes donc en droit de penser que nous nous retrouvons en face d’une nouvelle réussite pour Bedos en terme de comédie dramatique.
Et c’est malheureusement au niveau de son aspect critique que le bât blesse puisque Nicolas Bedos semble cette fois se complaire dans sa propre hypocrisie à l’image justement de ce qu’il cherche à dénoncer. Les personnages beaucoup trop caricaturaux y sont pour quelque chose, dur de donner de la crédibilité à l’ensemble avec une caractérisation telle qu’elle est dépeinte ici même si cela reste quand même beaucoup mieux que l’effroyable Sans filtre de Ruben Östlund sorti il y’a quelques semaines où j’ai eu envie de sortir de la salle à plusieurs reprises (Il y’a d’ailleurs une scène dans Mascarade où l’on voit des riches se moquer de la Palme d’Or et même si cela est totalement improbable, cela m’amuse beaucoup de m’imaginer Bedos tacler justement Östlund). J’ai également de grosses réserves à émettre sur les 10 dernières minutes où on peut déceler un semblant de message féministe mais terriblement maladroit que j’ai considéré à chaud après être sorti de la salle comme un auto sabotage. Toutefois après mûre réflexion je me dis que Bedos associé à ses prises de position comme je le rappelais en introduction pourrait vouloir dire l’inverse ce qui serait assez audacieux dans la société d’aujourd’hui (cela ne veut pas dire pour autant que c’est juste).
C’est un peu dommage en soi que Nicolas Bedos passe un peu à côté de son sujet dans sa première véritable satire sociale après 2 films plus légers et touchants mais le film propose de bonnes idées et se suit sans trop de difficulté pour peu que l’on s’y immisce. Ce n’est pas un ratage et je considèrerais toujours Nicolas Bedos comme un réalisateur à suivre.
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Créée
le 2 nov. 2022
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