La taupe est inconsciente mais elle creuse dans une direction déterminée
Magnifique autopsie sociologique de la France juste avant 68 : violence et atermoiements des rapports amoureux, le suicide comme dernière arme de révolte, les "U.S go home!" contre le Vietnam, Paris étonnamment vide et grand, le "bruit" d'une époque, celui des voitures, des machines, mais aussi celui grandissant de la consommation..Le portrait d'une jeunesse confuse et révoltée, en perte de repères: comment se situer lorsqu'on est à la fois "les enfants de Marx et du Coca-Cola"?
Un film complexe et puissant, très librement adapté d'une nouvelle de Maupassant, rythmé par des aphorismes et réflexions philosophiques qui apparaissent subitement à l'écran et une musique d'une violence inouïe à laquelle viennent répondre les bluettes chantées par Madeleine (Chantal Goya!). Madeleine dont Paul est amoureux et qu'il ne sait plus comment séduire, déboussolé par sa liberté, celle qui marque (enfin!) la naissance du nouveau "féminin" ("j'hésite, j'hésite..."). Paul est interprété par Jean-Pierre Léaud, tellement génial (et meilleur que Louis Garrel qui le singe un peu trop dans ses films ...bon, c'est peut-être un "hommage", mais quand même!).