D'autres vies que la mienne par emmafrida
J'ai d'abord été un peu effarée par le tapage médiatique autour de ce roman, de Elle à Télérama en passant par Marie-Claire, il était partout, ce qui a souvent le don de m'agacer et me pousse à me tourner vers d'autres lectures. Mais, dans les Inrockuptibles il y avait une interview de l'auteur. Emmanuel Carrère y déculpabilisait une bonne fois pour toutes les écrivaillons en herbe, désolés de ne pouvoir écrire sur rien, sinon sur eux-mêmes. Il affirmait, et je le crois, qu'il y a finalement très peu de bons romanciers au sens strict du terme et refusait que l'on classe son « livre » dans une catégorie quelconque : roman, autofiction, autobiographie, qu'importe. Dans ce livre, il ne parlerait pas de lui mais des autres, roman d'un « je » qui se décentre, qui est forcé de le faire, d'une part parce qu'on le lui a demandé, et aussi parce que ses névroses longtemps ressassées lui paraissent désormais indécentes face à l'horreur qui frappe la vie des autres.
Sur la quatrième de couverture, le pacte passé avec le lecteur est le suivant : « Tout est vrai. » Il faut le croire, et, fatalement, on le croit. On n'invente pas des choses pareilles.
C'est un livre sur la mort, sur l'homme face à la mort, nu, seul, obligé de lui faire face. C'est un livre sur la justice et la pauvreté.
C'est un livre qui guérit de la folie.