La propagande ruine cette romance
Le jeu de Valentina Karavayeva rend cette romance attachante [32'51-37'03]. Mais la propagande pour la guerre patriotique et le happy end hollywoodien ruinent tout... malheureusement [48'05].
Par
le 11 févr. 2023
Encore une superbe découverte que ce mélodrame dont la première moitié est un petit miracle de justesse et de sensibilité, portée par une Valentina Karavayeva rayonnante et radieuse dans le rôle principale. La relation entre les deux personnages centraux est très belle, pleine de délicatesse, d'observation et d'une pudeur contenue.
On vibre en même temps que ces derniers quand ils apprennent à se connaître et que leur timidité enfouisse leur sentiments pour mieux développer une complicité. Le film possède une poésie et une douceur (un peu idéalisée dans l'attachement "noble" de tous les hommes envers Mashenka) qui réchauffent immédiatement le cœur.
Si les acteurs y sont pour beaucoup, Yuli Raizman à la réalisation mérite d'être loué pour son aisance à rendre son film extrêmement vivant par sa capacité à réussir les scènes de groupe. L'effervescence autour de bureau où travaille l'héroïne est particulièrement brillante comme le sont les séquences dans le foyer pour hommes, la soirée où les amoureux se brouille ou encore la taverne sur le front. Il parvient ainsi à à créer un pleine proximité avec ses personnages et rendre existant tous les seconds rôles.
L'alchimie du film se construit ainsi dans l'alternance des scènes en tête à tête et les moments où ils sont noyés dans la foule, devant changer leur comportement quitte à emprunter une posture qui contredisent leur sentiment.
Ainsi la seconde moitié qui se déroule durant la guerre évite en bonne partie les situations conventionnelles du mélodrame et du film de propagande en restant centré sur des figures humaines, loin des champs de bataille, des ennemis (invisibles) et autres sacrifices. On regrette presque que certaines péripéties ne soient pas plus développés tant leurs potentiels ne manquent pas de magie à l'instar de cette lettre que les soldats apprennent par cœurs et se transmettent à tour de rôle en espérant qu'elle croisera son destinataire ou Mashenka finissant par devenir presque une icône populaire. De jolies idées qui résument bien l'humanisme du scénario et du cinéaste, mais un peu écourtée voire précipitée du dernier tiers ; sans doute à cause de la guerre elle-même et des conditions de tour puisque le film ne dure qu'une 1h15.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'URSS des cinéastes (1917 - 1945)
Créée
le 21 janv. 2018
Critique lue 176 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Mashenka
Le jeu de Valentina Karavayeva rend cette romance attachante [32'51-37'03]. Mais la propagande pour la guerre patriotique et le happy end hollywoodien ruinent tout... malheureusement [48'05].
Par
le 11 févr. 2023
Du même critique
L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...
Par
le 22 oct. 2017
16 j'aime
1
N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...
Par
le 8 oct. 2014
11 j'aime
2
Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...
Par
le 17 avr. 2017
10 j'aime