Nouvelle Génération est considéré comme une nullité stratosphérique et naturellement tenu comme le pire opus de la franchise Massacre à la tronçonneuse. C’est en effet une calamité mais celle-là a le mérite de tenter de renouveler la saga. Quand à sa médiocrité, elle en devient dépaysante, surtout que MAT 4 va au bout de ses engagements, ce dont MAT 3 ou 7 se montrent incapables puisqu’ils ne savent en articuler aucun.

La famille est ici totalement hors-sujet vis-à-vis du reste de la saga. À la place des rednecks dégénérés bien outranciers, on trouve des gens équilibrés et relativement ordinaires, s’exprimant de façon adaptée et même rationnelle ; des petits-bourgeois excentriques, parmi lesquels Leatherface devenu ici un travesti très agité. Le frère de ce dernier s’illustre par ses citations de philosophe tandis qu’un cousin euphorique est interprété par Matthew McConaughey, acteur respecté dans les années 2010 (Dallas Buyers Club, Killer Joe) mais dont les esprits taquins rappellent régulièrement qu’il a passé l’essentiel de sa carrière dans une série de projets improbables, parfois débattus (Emprise, Contact), parfois catégoriquement raillés (comme celui-ci).

Autre actrice fameuse au casting : Renée Zellwegger, future Bridget Jones, dans le camp des victimes quand à elle. Mais le personnage fort du film c’est Tonie Perensky, matriarche badass de la tribu Sawyer, sosie modéré de Kirstie Alley. Massacre 4 est une succession de scènes aberrantes et Tonie Perensky est au cœur des plus fulgurantes. Le climax de la connerie vertigineuse est cette scène ou madame Sawyer négocie calmement (mais avec fermeté!) le silence de son otage enfermée dans le coffre de la voiture, tandis que celle-ci s’y plie docilement, alors qu’il suffirait de crier pour alerter les gens autour, ne serait-ce les employés de cette station-service ou les conducteurs pressés derrière elles..

Kim Henkel a participé aux six premiers Massacre, c’est d’ailleurs le principal de sa carrière. Il n’aurait pas dû passer à la réalisation pour cette suite, mais que New Line s’en remette à lui pour un produit si hasardeux et bâclé démontre que l’idée d’une saga Leatherface était mauvaise. S’il n’y avait eu le remake puis la seconde vague de Massacre, la notion même de franchise aurait pu être omise, mais Massacre a rejoint comme tous les autres classiques de l’horreur l’état de justificatif de daubes cyniques ou simplement honteuses.

Henkel a manifestement voulu faire un film ironique, il tente aussi de faire naître l’angoisse par l’étrangeté (apparition du flic) et va jusqu’à flirter avec l’occultisme expérimental (la tirade finale ressemble à celle d’intro de Blood Freak, avec les mots dans l’ordre). Mais brouiller les repères avec des grosses façons de primates fatigués ne suffit pas à donner une identité à un produit. Les poursuites à la tronçonneuse, en voiture ou sur un toit, ne relèvent pas le niveau car leur ampleur est dérisoire et le bavardage oiseux prend le pas de l’action jusque-là.

Au final, juste une série Z quelconque, sans aucun atout propre conséquent (les décors naturels, rien d’autre), avec tout de même cette capacité à situer le délire dans un espace-temps entre Demon House et Twin Peaks, tendance générale de la saga qui n’a jamais été aussi directement exécutée qu’ici.

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le 23 août 2014

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