A l'heure où l'on ne peut plus ignorer les conflits au Moyen Orient, malheureusement souvent traité de manière grossière et caricaturale dans les médias ou à Hollywood, je voulais dépoussiérer, grâce au documentaire d'un journaliste français, un héros Afghan qui a malheureusement été trop vite oublié : Massoud l'Afghan.


" Afghanistan, pays lointain, en guerre, dont tout le monde se fout, ou presque ".


C'est avec cette phrase que débute le documentaire du journaliste Christophe de Ponfilly décrivant son voyage de 6 mois en Afghanistan de fin 1996 à début 1997. Il parle également de ses anciens voyages en Afghanistan et plus précisément dans la vallée du Panjshir, le lieu de résistance du Tadjik Ahmed Chah Massoud, ainsi que de ceux qui le suivaient encore à l'époque.


Ainsi Christophe de Ponfilly nous parle dans ce documentaire de son amitié avec le Commandant Massoud. Il commence par nous parler de ses premiers voyages en Afghanistan dans les années 1980, quand il a connu le commandant Massoud, à l'époque où ce dernier tenait en échec l'armée Rouge avec ses Hommes et très peu de moyens ou d'aides. Une époque où les Américains avaient, eux, contre les soviétiques davantage soutenus financièrement et armés les Talibans, entraînés à l'époque notamment par le tristement célèbre Oussama Ben Laden (on a souvent pas idée jusqu'où l'aveuglement causé par l'hystérie anticommuniste des gouvernements Américains de l'époque a pu aller et des conséquences dramatiques que cela a pu avoir et que cela peut avoir encore actuellement).


Les années 1990 verront la victoire des Afghans sur les Russes, mais aussi un échec de la part de Massoud à gouverner à Kaboul avec les autres leaders Afghans. A l'effondrement du gouvernement, après avoir perdu Kaboul, il se mit à résister dans sa vallée du Panjshir face aux Talibans, et ce jusqu'au 9 septembre 2001.
Ce jour là à Takhard, une province du nord-est de l'Afghanistan, Massoud répondait à une interview effectué par deux Saoudiens se disant respectivement journaliste et cameraman, d'une chaîne prétendument appelé Arabic News Intenational-TV. Saoudiens qui étaient en fait des kamikazes d'Al-Qaïda qui assassinèrent le commandant Massoud ce jour là.


Si cette mort a beaucoup marqué dans la vallée du Panjshir, elle n'a eu ailleurs que peu d'écho, rendant ce documentaire d'autant plus important car il illustre le combat d'un homme qui dans ses dernières années essayait d'alerter sur le danger grandissant des Talibans, ainsi que sur ce qu'allait devenir une organisation comme Al-Qaïda à une époque où personne ne l'écoutait réellement.
Le 11 septembre 2001 n'avait pas encore eu lieu.
Bon il y avait aussi le fait que Massoud avait tendance à dénoncer vindicativement les intérêts que le gouvernement Américain à l'époque, mais aussi l'Arabie Saoudite et le Pakistan avaient à laisser l'Afghanistan se déchirer et au final dépérir aux mains des Talibans.


Mais au delà du politique et du chef de guerre, c'est aussi l'être humain qui est représenté dans ce documentaire. Un homme aux airs à mi chemin entre Che Guevarra et Bob Dylan. Féru de lecture, de poésie, admiratif du Général De Gaulle, tenant à ce que Hommes et Femmes de sa vallée puissent recevoir une même éducation décente et peut-être un jour pouvoir vivre sans crainte et décemment, mais aussi un Homme qui va puiser la force et l'espoir pour son combat, pour sa résistance, dans sa religion.


Ainsi ce documentaire transpire d'authenticité et avec celle-ci ainsi qu'avec sa caméra Christophe de Ponfilly, plein d'admiration, au fil des beaux textes qu'il déclame par la voix off de son documentaire nous montre et nous décrit avec ses mots la beauté de la vallée du Panjshir et le courage des Hommes qui la peuplent. Il avoue faire ses films de manière partisane, « l'objectivité » journalistique lui semblant suspecte : une bien hypocrite prétention.


Pour conclure et vous inciter à regarder cet excellent documentaire, je crois ne rien trouver de mieux que ces phrases qui l'introduisent :


« Dans le tumulte d'images et de sons du monde moderne, tenir une caméra a-t-il encore un sens ? Lorsque j'ai commencé ce film il y a 16 ans je ne me posais pas la question, c'était mon premier film, j'allais rencontrer des Hommes remarquables dont le Commandant Massoud, pas des héros de pacotilles ni des produits de marketing comme on nous en fabrique tant aujourd'hui.
J'ai rassemblé les traces de cette singulière aventure pour survivre à tout ce bluff qui nous entoure et pour quelque chose de plus précieux que je vais vous confier »


Tout y est dit.

Noe_G
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le 16 juil. 2017

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