Match retour par cloneweb
En 1976, six ans avant Rambo, Sylvester Stallone se faisait connaitre du grand public avec un autre héros : Rocky Balboa, qui donna ses lettres de noblesse au film de boxe. 4 ans plus tard, Martin Scorsese mettait en scène Robert de Niro dans un biopic consacré à Jake LaMotta : Raging Bull. Deux films cultes qui ont marqué leur époque. Mais qui, dans les années 80, aurait pu imaginer que trente ans plus tard un cinéaste tenterait de faire remonter sur un ring, ensemble, les deux comédiens ?
C’est pour le pari qu’a fait Peter Segal. Un pari sans aucun risque.
Pas question, bien entendu, de reprendre les personnages des films cités d’autant que l’un d’eux a réellement existé. Match Retour met donc en scène deux nouveaux personnages, deux boxeurs s’étant affronté par le passé. Ils ont fait deux matchs ensemble, sont devenus célèbres mais l’un d’eux a voulu ranger les gants avant de faire la belle, plombant la carrière de l’autre. 30 ans plus tard, ils se retrouvent à la base pour un obscur projet de jeu vidéo reprenant leurs personnages en motion capture, se foutent sur la tronche et … finiront quand même sur le ring, non sans avoir rouvert de vieilles blessures.
Pour expliquer ses deux personnages, Segal ne s’encombre de pas grand chose : à grands renforts d’images d’archives et d’effets spéciaux il nous montre le Stallone et le De Niro d’époque s’affrontant vaguement sur de fausses images d’archive, comptant sur la nostalgie du spectateur pour faire prendre la sauce. De fait, si vous n’avez jamais entendu parler du film de Scorsese ni de celui de John G. Avildsen, vous pouvez passer votre chemin tant le film ne fonctionne que sur la légende créée par ses acteurs. Segal en rajoute une couche avec une bande originale qui aurait pu être choisie par Marty lui-même, avec les Rolling Stones en tête de peloton.
Mais Grudge Match vit tellement dans le passé que ses personnages semblent avoir été sorti de leur léthargie juste le temps de l’histoire (et la présence de Kim Bassinger qui n’avait pas tourné depuis longtemps n’arrange rien). Les deux boxeurs se mettent à découvrir subitement le monde qui les entoure, à se faire vanner sur leur âge (un vieux fait une vanne inspirée du premier Star Wars, Stallone ne sait pas ce qu’est un iPad) et font éclore de vieux secrets de famille qui sont révélés comme par hasard au moment du film.
Il ne s’est donc rien passé pendant trente ans, du moins pour Peter Segal puisque le spectateur, lui, a évolué. Tellement qu’il a bien du mal à s’intéresser aux péripéties familiales des deux héros, servant à remplir vainement une intrigue qui se traine en longueur. Ça ressemble vaguement à Rocky Balboa mais avec deux points de vue et bien moins à raconter, à part un vague message disant qu’il ne faut rien regretter et faire enfin ce dont on a envie.
La réalisation est plate au possible et le film oscille entre comédie et drame, sans jamais arriver à faire un choix. Pas vraiment drôle ni vraiment triste. Les deux acteurs, eux, font ce qu’ils savent désormais faire. Sylvester Stallone joue des muscles et surfe sur son passé, montrant qu’il tient encore sacrément la route à 67 ans. De Niro, lui, n’est plus que l’ombre de lui-même. Jouant à fond la carte de la comédie, se caricaturant au possible, il a les pires situations du film et on a bien de la peine à le voir cabotiner autant.
Se terminant sur le fameux combat de boxe pas très bien filmé et dont on devine l’issue à des kilomètres, Match Retour n’est pas un vrai mauvais film. Mais il n’a pas grand chose à raconter ni à apporter et ne risque aucunement de faire de l’ombre à ces prédécesseurs.