Maternal est un film profondément contemplatif, qui donne à voir d'une manière subtile et touchante aux relations mère-fille, par touches de suggestion, de non-dits et de regards révélateurs.
La réalisatrice vient du milieu du documentaire, et sa formation infuse dans le film : la façon de tourner, de laisser l'action se dérouler jusqu'au bout sans cut hâtifs donne l'impression que Maura Delpero ne veut pas perturber un moment de vie, comme elle aurait pu le faire dans un documentaire, avec des acteurs qu'elle ne dirige pas.
Tout cela résulte en une oeuvre légère, dans le sens où les dialogues sont rares et naturels et où l'action est plus imaginée que filmée – le film donne cette impression de nous amener sur un nuage en surplomb de l'action – ; mais au combien sérieux dans son thème, abordé avec tact et respect, qui forcent l'admiration. L'omniprésence de la religion enveloppe le film d'un mysticisme sincère, et double les grilles de lecture de l'action, sans donner aucune morale précipitée ni même de conclusion.
Encore une fois, même lorsque le véritable coeur du film se révèle, l'explosion tarde voire ne vient jamais. Le fragile équilibre de cette communauté de femmes, tiraillés par des tensions entre chaque groupe et chaque personne aurait pu se rompre. Ou pas. Et en cela réside la force du film : il est vivant, il semble pouvoir changer selon chaque spectateur et chaque visionnage.