Le premier volet de la trilogie "Matrix" est un film qui a eu un impact considérable et plusieurs éléments viennent expliquer cela.
On retient certes ses séquences impressionnantes et surréalistes, avec l'utilisation du bullet-time, devenue depuis une norme dans la plupart des films d'actions, mais aussi un scénario construit intelligemment et riche d'un point de vue sémiotique, de par ses différents niveaux de lecture.
Les références sont multiples, de l'Allégorie de la Caverne dans "La République" de Platon au "Magicien d'Oz" ou à "Alice au Pays des Merveilles", en passant par "Les Méditations Métaphysiques" de René Descartes. Certains ont également vu à travers cette œuvre une apologie du marxisme, par opposition à la société capitaliste, comme semble notamment en témoigner l'aspect factice du monde du travail dans le quotidien du protagoniste Thomas Anderson, ou encore le fait que la Matrice ne soit rien d'autre qu'un système visant à maintenir les individus dans leur état servile, ce dans le but d'exploiter la force productrice de l'être humain, assimilé à une pile électrique. Cette analyse est d'ailleurs confortée par les paroles à première vue sibyllines de Morpheus : « La Matrice est universelle. Elle est omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même. Tu la vois chaque fois que tu regardes par la fenêtre, ou lorsque tu allumes la télévision. Tu ressens sa présence, quand tu pars au travail, quand tu vas à l’église, ou quand tu paies tes factures. Elle est le monde, qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité ».
Ce n'est qu'après avoir ouvert les yeux, tel le philosophe de la Caverne brisant ses chaînes pour tourner son regard vers la lumière (ici le code informatique autour duquel s'articule la Matrice), puis s'être transcendé par sa renaissance, que Thomas Anderson deviendra Néo, l'Élu destiné à mettre un terme à la guerre opposant humains et machines.
Signalons au passage l'interprétation de Hugo Weaving, parfait dans le rôle de l'agent Smith, le glaive d'un système oppresseur, caractérisé à la fois par son total mépris pour l'humanité et le désir, en tant que programme, de se rebeller contre ses concepteurs, telles les machines qui se sont elles-mêmes dressées contre leurs créateurs.
Sur ce, chers lecteurs et chères lectrices, si vous n'avez pas encore vu ce long-métrage, je vous invite à entrer dans le « Terrier du Lapin Blanc ». Et si vous l'avez déjà vu, mais que vous étiez passés à l'époque à côté de certains éléments, le contenu latent ayant été en quelque sorte supplanté par le contenu manifeste, je vous encourage également à vous y replonger.