Plus je lis les avis et critiques sur cet incontournable, plus je me sens seul. Un peu comme Neo, mais sans ses super pouvoirs et sa gueule de Tadzio.
Il m'a semblé que ce film, comme habituellement dans la plupart des oeuvres de S-F ou d'anticipation, parlait principalement de notre société actuelle, de notre aveuglement, et de l'urgence de se REVEILLER!
Pour moi (mais il semble que je ne soit pas le seul car, du coup, j'ai vérifié et il y a eu après la sortie quelques écrits et réactions dans le même sens), Matrix est le digne successeur de l'allégorie de la caverne de Platon.
Nous travaillons, nous suons sang et eau, la tête dans le guidon en ayant l'impression de poursuivre des buts évidents, communéments admis, comme la satisfaction de nos envies, le plaisir, la réussite matérielle. Notre énergie vitale est en permanence pompée par un système qui nous abreuve d'informations biaisées, de flots publicitaires. Il nous enchaine via tous les crédits/abonnements/assurances possibles dans une fuite en avant irréversible. Metro-boulot-dodo. Nous ne serions donc que des rats stressés de laboratoire condamnés à courir jusqu'à la mort dans leur roue en plastique.
Le film m'a posé donc de vraies questions. Qu'est-ce que cette réalité que nous vivons? Pourquoi alors nous maintenir dans une illusion? Qui donc organise cet asservissement? Au profit d'autres? Ne serait-ce pas qu'une réalité imposée par le système lui-même (un argument de ceux qui le défendent)? ou, plus vraisemblablement par une caste privilégiée de décideurs sans scrupules? (l'argument de ceux qui le combattent)
Le seul personnage à qui tout le monde devrait s'identifier, c'est Cypher (Joe Pantoliano), car peu de gens voient le film comme un brulôt révolutionnaire, qui inciterait à refuser les choses telles qu'elles nous sont imposées. C'est au système que nous devons notre confort, il est excessivement douloureux de le(s) remettre en question. Au contraire, on se régale devant ce feu d'artifice visuel et sonore, bien contents de pouvoir en profiter sur notre nouvel équipement home cinema. L'écran du cinema, cache alors autant qu'il montre. C'est là, un des paradoxes du film.
Pour sortir de l'obscurité, il faudrait s'arracher à l'attraction des écrans, y compris celui que vous êtes en train de lire maintenant!