Un voyage éclairant, dans les ténèbres
Remontant le fil d'un fleuve fictif, aux confins du Cambodge, ce film nous nous plonge dans les abysses d'un univers fascinant, malade, mêlant grand spectacle, ironie noire et voyage dans l'absurde. Nous n'en sortirons pas indemnes.
La guerre est peuplée de fous : L'état major persuadé de vaincre par l'emploi massif de la force, l'arrogant Killgore, les Viêt-Cong déterminés et kamikazes, les colons français accrochés à ce qui a été leur vie, le mystérieux colonel Kurtz devenu incontrôlable et indésirable et ses méthodes barbares, et enfin les passagers du petit patrouilleur avec qui nous avons embarqué pour l'enfer.
Le film illustre pour moi la fragilité du voile qui sépare la santé mentale de la folie. En temps normal cette frontière est déjà poreuse.
Le meurtre rompt l'équilibre mental. Passé de l'autre côté, affranchi de sa morale, de ses « garde-fous », le guerrier devient sanguinaire. Pris dans une spirale descendante, il décuple sa violence, sa force et la terreur qu'il inspire. Il n'est plus humain. Il sait que le voyage est sans retour et que seule la mort, devenue fidèle compagnon, pourra, l'heure venue, le délivrer.
L'homme embarqué dans sa propre violence fait face à la révélation finale, l'apocalypse, dans un déluge de feu.